Pas de réforme d’ampleur, mais des transformations par petites touches. Sept mois après son entrée en fonctions en tant que ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye a annoncé, mercredi 4 janvier, de premières mesures concrètes pour le collège. Un niveau érigé en « priorité, parce que nous avons des évaluations à l’entrée en sixième qui sont problématiques », a-t-il expliqué.
Pour répondre à cet enjeu de niveau scolaire – dont le ministre a déploré la baisse dans une récente tribune au Monde –, l’annonce principale est l’instauration d’une heure hebdomadaire de soutien ou d’approfondissement en mathématiques ou en français, obligatoire dès la rentrée 2023 pour les quelque 800 000 élèves de sixième.
Comme c’est déjà le cas dans l’académie d’Amiens – où est expérimenté un dispositif de « 6e tremplin », qui sert d’inspiration au ministère de l’éducation nationale, et où Pap Ndiaye se rend jeudi –, ces heures seront en partie assurées par des professeurs des écoles « pour favoriser la transition [vers] le collège et soutenir l’apprentissage des savoirs fondamentaux » ; deux axes sur lesquels le président de la République, Emmanuel Macron, avait promis des mesures pendant sa campagne. Le dispositif « Devoirs faits » deviendra, en outre, obligatoire en 6e.
Pour les classes de 5e, de 4e et de 3e, une « concertation » est annoncée dans les prochaines semaines. « Tous les sujets seront abordés. Ces travaux pourront porter sur les modalités d’évaluation. Le diplôme national du brevet sera révisé s’il le faut », selon le ministère.
L’annonce a laissé les syndicats unanimement circonspects, alors que l’expérimentation de l’académie d’Amiens ne concerne que six collèges depuis trois mois et n’a fait l’objet d’aucune évaluation. Faute de précisions de la part du ministère de l’éducation nationale dans l’immédiat, chacun s’interroge sur les moyens qui seront dévolus à cette heure de soutien et dont dépendra une mise en œuvre à la hauteur des annonces.
Des mesures « cosmétiques »
Sera-t-elle financée en ajoutant une heure à l’emploi du temps des élèves ou en remplaçant une autre heure de cours ? « Nous avons besoin de le savoir vite, car nous allons recevoir nos dotations horaires pour l’année prochaine, et nous ne pourrons pas la mettre en place à moyens constants », souligne Bruno Bobkiewicz, chef d’établissement et secrétaire général du SNPDEN-UNSA.
Le flou entoure aussi les modalités d’intervention des professeurs des écoles dans les collèges, qui se feront « sur la base du volontariat », d’après la Rue de Grenelle. Les syndicats enseignants pointent des écueils liés aux emplois du temps, aux déplacements lorsque les établissements sont éloignés et, surtout, au temps de travail. Car l’hypothèse selon laquelle les professeurs concernés auraient du temps dégagé sur leurs obligations de service à l’école pour assurer ces heures semble peu crédible aux yeux des syndicats, qui rappellent son coût élevé. « On a du mal à trouver assez d’enseignants pour faire les remplacements et le ministère prévoit des suppressions de postes l’année prochaine, donc ça passera sûrement par des heures supplémentaires, alors que la moitié des enseignants travaille déjà plus de 43 heures par semaine », souligne Guislaine David, à la tête du premier syndicat du primaire, le SNUipp-FSU.
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