Emmanuel Macron a beau être le plus jeune président de la Ve république, s’entourer de conseillers trentenaires et se vouloir champion de la « start-up nation », il répugne à se défaire des vétérans de la culture. Après s’être fait rejeter en décembre 2022 par le Conseil d’Etat un projet de décret visant à prolonger au-delà du raisonnable Catherine Pégard, 68 ans, à la tête du château de Versailles, le locataire de l’Elysée a trouvé la parade pour conserver à ses côtés Philippe Bélaval, bientôt agé de 68 ans. Ce haut fonctionnaire, dont le mandat à la tête du Centre des monuments nationaux expire le 30 juin, vient d’être nommé conseiller culture à l’Elysée, un poste stratégique, resté vacant depuis que Rima Abdul Malak a été promue ministre de la culture en mai 2022.
Pour l’énarque et conseiller d’Etat, à qui il n’a pas échappé que l’essentiel des décisions gouvernementales en matière de culture, en particulier les nominations, se prend à l’Elysée, c’est l’ultime consécration.
Le choix de cet homme de terrain plutôt que de l’ombre n’étonnera pas les familiers du palais. « Emmanuel et Brigitte Macron l’adorent ! », reconnaît l’animateur de télévision Stéphane Bern, instigateur du Loto du patrimoine. C’est le président de la République en personne qui lui a d’ailleurs remis, le 15 septembre dernier, les insignes de la Légion d’honneur, à l’hôtel de la Marine, devant un parterre de cent cinquante convives triés sur le volet. Philippe Bélaval ne s’en cache pas, il voit souvent Emmanuel Macron et lui envoie régulièrement des notes sur des sujets liés au patrimoine. « Mais je ne vais pas prétendre être un intime du premier cercle, murmure-t-il. Je reste à ma place, je sers sans être servile. »
Réplique d’un casque des pompiers de la Bibliothèque nationale de France (BNF), échantillon du tissu argenté dont Christo avait empaqueté l’Arc de triomphe, boule à neige de la Conciergerie à l’effigie de Marie-Antoinette, réplique d’une tête égyptienne de la collection Al Thani exposée à l’hôtel de la Marine… Dans le bureau de Philippe Bélaval, à l’hôtel de Sully, cadeaux et colifichets témoignent de son imposant CV dans la fonction publique.
A l’âge de 35 ans, ce Toulousain a dirigé l’Opéra de Paris, puis la BNF et les Archives de France, avant de piloter depuis dix ans le Centre des monuments nationaux (CMN), une machine de guerre de mille cinq cents agents qui coiffe une centaine de monuments. « C’est une maison que j’aime passionnément, je n’y ai pas eu un instant d’ennui », confie ce grand fauve de l’administration, aussi roué et enveloppant qu’un cardinal du XVIIe siècle.
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