La dépression, ce mal qui ronge les rugbymen : «Je ne voulais plus y retourner, je n’avais plus de force»

Les joueurs professionnels, y compris les internationaux, semblent de plus en plus touchés par des épisodes dépressifs ou des burn-out. Mathieu Bastareaud et Pascal Papé avaient déjà tiré la sonnette d’alarme il y a des années.

À l'image du pilier du Stade Français Paul Alo-Emile, qui revient sur les terrains après une lourde dépression, de nombreux rugbymen professionnels souffrent d'épisodes dépressifs. Icon Sport/Hugo Pfeiffer
À l'image du pilier du Stade Français Paul Alo-Emile, qui revient sur les terrains après une lourde dépression, de nombreux rugbymen professionnels souffrent d'épisodes dépressifs. Icon Sport/Hugo Pfeiffer

    Une journée comme les autres… Enfin, pas tout à fait. Il faisait gris, froid, et sur le terrain, les chocs laissaient des empreintes douloureuses sur des corps pourtant habitués à encaisser les coups. La douche n’a pas lavé toutes les écorchures. Après l’entraînement, il est rentré chez lui, dans son appartement tout proche, s’est glissé sous la couette et n’a plus voulu en bouger. « J’ai à peine entendu ma copine quand elle est revenue du travail, glisse ce joueur de Top 14 qui a tenu à garder l’anonymat. Je lui ai dit que j’étais mal, que je ne voulais plus y retourner. Je ne savais pas ce qu’il m’arrivait, je n’avais plus d’envie, plus de force. Je suis resté des semaines comme ça. »

    Au club, on a inventé une vilaine déchirure, longue à soigner, comme discours officiel, et on a laissé du temps à son poulain pour revenir. « J’ai mis quelques mois et beaucoup de séances de psy pour retrouver de l’énergie », se souvient-il. Comme ce colosse qui n’avait jamais, avant cela, montré le moindre signe de faiblesse, de plus en plus de rugbymen professionnels sont soumis au burn-out ou à la dépression. Beaucoup restent dans l’ombre, protégés par le secret médical, refusant de dévoiler cette faiblesse encore mal vue. D’autres, très rares, en font moins mystère.