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A Sciences Po Grenoble, des plaies toujours vives après l’affaire des professeurs dénoncés par des colleurs d’affiches

La direction de l’IEP a choisi de garder le silence après la récente suppression de subventions décidée par le conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes. Deux ans après, deux procès viennent raviver cette affaire.

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Publié le 11 janvier 2023 à 14h00, modifié le 11 janvier 2023 à 16h48

Temps de Lecture 4 min.

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« Vous émettiez souvent des avis sur les cours dispensés à Sciences Po ? », s’enquiert la juge, le regard interrogateur. A la barre du tribunal correctionnel de Grenoble, mardi 10 janvier, la voix de Thomas Mandroux, ex-coprésident de l’Union syndicale (US) des étudiants de l’institut d’études politiques de la ville, est posée, mais porte peu.

Accusé de diffamation et d’injure par Vincent Tournier, l’un des deux enseignants dont le nom avait été placardé sur les murs de l’école, le 4 mars 2021, le jeune homme a tenté de justifier l’appel à témoignages lancé sur la page Facebook de l’US, le 22 février 2021, pour collecter « les propos problématiques » et « islamophobes » qui auraient pu être tenus lors du cours de M. Tournier sur l’islam et les musulmans en France.

Désormais diplômé de l’institut, Thomas Mandroux a indiqué qu’il n’avait pas poursuivi en thèse. « Je suis considéré comme horrible, a-t-il commenté. Cela a mis un terme à toute possibilité de trouver un directeur de thèse. »

Cette comparution rappelle que la crise qui a ébranlé l’IEP il y a près de deux ans est encore loin d’être soldée. Le président (Les Républicains) de la région, Laurent Wauquiez, a récemment soufflé sur les braises : un vote du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, le 16 décembre 2022, a acté l’annulation du versement d’une somme de 400 000 euros, habituellement allouée aux étudiants de Sciences Po pour leur cursus à l’étranger. En cause : la supposée « longue dérive idéologique et communautariste » de l’école, qu’il avait dénoncée fin 2021. Un professeur d’allemand, Klaus Kinzler, venait d’être suspendu pour une durée de quatre mois par sa direction pour avoir qualifié son établissement d’« institut de rééducation politique » où des enseignants « endoctrineraient » les étudiants.

« On est là pour étudier »

Ce professeur, dont le nom avait été placardé auprès de celui de Vincent Tournier, accolé à la phrase « Des fascistes dans nos amphis. L’islamophobie tue », s’était opposé à Mme M., une historienne, fin 2020, sur l’usage du terme « islamophobie » auprès des mots « racisme » et « antisémitisme », ces trois thèmes devant servir à définir le contenu d’une table ronde. Près de deux ans plus tard, les colleurs de ces affiches n’ont pu être identifiés, indique au Monde le procureur de Grenoble, Eric Vaillant.

Lire aussi le reportage : Article réservé à nos abonnés Sciences Po Grenoble se cherche un nouvel avenir

Pour éviter d’éveiller de nouveau l’attention, Sabine Saurugger, la directrice de l’établissement, a fait le choix de ne pas commenter officiellement les coupes budgétaires de M. Wauquiez. Derrière cette pondération de façade, la sanction a pourtant fait grand bruit lors d’un conseil d’administration en décembre, où toute action devant le tribunal administratif a été écartée. « Ne pas réagir, c’est laisser la porte ouverte à tous les abus possibles de la part de Laurent Wauquiez ! », fulmine un participant. Seuls quelques élus d’opposition au conseil régional ont alerté le préfet de région, pour un recours en légalité.

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