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La RATP et la SNCF accélèrent les recrutements face à la crise des transports en Ile-de-France

Les fréquences de métros, bus et RER se redressent depuis le début de l'année, selon les derniers pointages. Mais les opérateurs de transport public veulent doubler les recrutements en 2023 afin de régler durablement les problèmes.

A Paris, la production globale de métros est officiellement de 96 % du niveau nominal sur les neuf premiers jours de janvier. Mais quelques lignes affichent des performances inférieures à la moyenne.
A Paris, la production globale de métros est officiellement de 96 % du niveau nominal sur les neuf premiers jours de janvier. Mais quelques lignes affichent des performances inférieures à la moyenne. (Hans Lucas via AFP)

Par Denis Fainsilber

Publié le 13 janv. 2023 à 17:12Mis à jour le 13 janv. 2023 à 17:57

Ouvrir plus grand le robinet des embauches : tel est l'un des engagements forts pris par Jean Castex, le nouveau PDG de la RATP, et Christophe Fanichet, patron de SNCF Voyageurs (qui coiffe l'activité Transilien), auditionnés vendredi par un conseil extraordinaire d'Ile-de-France Mobilités (IDFM).

L'autorité organisatrice des transports régionaux, qui paye pour un service de plus en plus défaillant depuis la rentrée, voulait entendre rapidement les patrons des transports publics, y compris ceux de Keolis et Transdev en butte à moins de problèmes d'exploitation, pour examiner leur « plan de redressement de la qualité de service ».

4.500 embauches à la RATP

Le plus attendu au tournant était bien l'ancien Premier ministre Jean Castex, venu faire acte de contrition, sans cacher les difficultés d'exploitation enregistrées tout au long du deuxième semestre 2022. Après être « venu dire [ses] regrets, [ses] excuses » face aux administrateurs d'IDFM, et hiérarchisé les différentes causes expliquant les « services non réalisés » dans les réseaux bus, métro ou tramway, le patron de la Régie a notamment annoncé « un plan massif de recrutements ».

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En 2023, la RATP vise un objectif de 4.500 embauches, dont 2.500 conducteurs de bus et 400 pour le réseau métro. Les autres métiers concernent notamment les agents de station, la maintenance des véhicules et la sûreté, eux aussi en mal de personnel. Soit une nette accélération par rapport aux 1.500 recrutements effectués récemment dans le secteur bus - non sans mal -, plus 180 dans le métro.

Même discours chez SNCF Transilien, où il manque actuellement une cinquantaine de conducteurs (sur un total de 2.650), après avoir ralenti les sessions de formation tout au long de la crise sanitaire. Ce qui contribue à des suppressions quotidiennes de trains.

« Après 200 recrutements l'an dernier, notre objectif est d'atteindre un volume de 400 en 2023 », selon Christophe Fanichet. Idem chez Keolis, filiale de la SNCF, qui comptait 50 postes vacants à fin septembre et vient d'enrôler 280 conducteurs, ou chez son rival Transdev, à présent calé sur un plan de 1.500 recrutements en Ile-de-France au lieu du millier précédent.

Accélération de l'absentéisme

Tous les transporteurs en attestent : les métiers du transport public souffrent depuis 2020 d'une hausse de l'absentéisme, des départs anticipés et d'une image dégradée qui freine les candidatures. « Nous ne sommes pas les seuls concernés, il s'agit d'un enjeu national, mais les tensions sur les ressources humaines touchent tous les métiers du groupe », observe Jean Castex.

Concrètement, détaille-t-il, l'absentéisme à la RATP est toujours supérieur à l'avant-Covid, et plus de 1.000 démissions ont été enregistrées l'an dernier, contre 400 en rythme de croisière. Dans la maintenance, les difficultés à recruter sont doublées par un conflit social larvé (des grèves de 59 minutes sur plusieurs sites), aggravant le problème du manque de métros disponibles.

« En janvier 2023, six lignes de métro remplissent leurs objectifs, cinq sont fragiles, et trois en difficulté », pointe la présidente d'IDFM, Valérie Pécresse, tout en convenant que « le redressement est enclenché » par rapport au point bas de l'automne.

Dans le réseau bus, 85 % des fréquences commandées étaient réalisées début janvier, contre 75 % en septembre. Un mauvais score, mais allant dans le bon sens. Ainsi tous les transporteurs veulent croire avec elle que le gros des difficultés est passé.

Plans ciblés sur des lignes

A commencer par la RATP, qui a lancé un plan d'action multifacettes, mixant des mesures transverses et des plans d'actions ciblés sur deux lignes particulières : la 8 et la 12, les plus malades. Déployer en priorité les nouveaux conducteurs sur ces deux lignes, accroître les trains de réserve, lancer des équipes de maintenance préventive de nuit, s'ouvrir à l'intérim, font partie de ces deux panoplies ad hoc en cours de déploiement.

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Avec ces mesures correctrices, les membres d'IDFM, qui injectent chaque année 10,8 milliards dans la machine des transports collectifs, attendent surtout des engagements sur le retour avéré aux 100 % du service commandé. Chez Transilien, les lignes A, B et C y sont déjà, assure sa direction, et le retour à la normale sera progressif sur les autres.

A la RATP, Jean Castex table sur un service à 100 % dans le métro échelonné entre janvier et début avril pour les dernières lignes, et une production grimpant peu à peu à 98 % dans le réseau bus, pas avant l'été. C'est bien le moins que les usagers sont en droit d'attendre, avec la forte hausse du passe Navigo au 1er janvier (+12 %), a cinglé Valérie Pécresse au côté des patrons : « On doit aux voyageurs encore plus pour leur argent. »

Denis Fainsilber

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