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Retraites : les risques politiques d’une réforme déséquilibrée

La réforme des retraites ne pèsera pas sur tous les Français de la même manière : le report de l’âge légal à 64 ans aura plus d’impact sur les classes moyennes. Des membres de la majorité s’inquiètent d’un coût politique à plus long terme.

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Publié le 14 janvier 2023 à 09h59, modifié le 19 janvier 2023 à 12h23

Temps de Lecture 5 min.

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Pendant la campagne pour la présidentielle d’Emmanuel Macron, à Carvin, Pas-de-Calais, lundi 11 avril 2022.

C’est l’éléphant au milieu de la pièce. Ministres, députés, conseillers et petites mains du parti présidentiel l’admettent mezza voce : la réforme des retraites a beau avoir été présentée comme « juste » et « équilibrée », elle ne pèsera pas sur les Français de la même manière. Aussi, aux lendemains de sa présentation, mardi 10 janvier, les membres de la majorité s’étonnent-ils presque d’une entrée douce dans l’atmosphère. « Ça sort droit », dit-on à Matignon, tout en craignant l’étincelle qui enflammerait le pays. Hanté par les grandes grèves de 1995, le pouvoir s’inquiète d’une explosion sociale et du blocage des raffineries, davantage que de la mobilisation du 19 janvier.

Un autre risque plane, plus sourd. « L’opinion peut être une lame retardée », redoute Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement. Une colère invisible mais réelle, nourrie des doutes sur la répartition de l’effort. Au bureau exécutif du parti présidentiel, Renaissance, Bruno Le Maire et Olivier Dussopt ont exposé, lundi 9 janvier, le projet gouvernemental devant une trentaine de participants, avant un apéritif convivial et ses conversations plus relâchées. « Cette réforme est bonne pour notre électorat », s’accordent trois responsables de la majorité. Comprendre : indolore pour les cadres, les retraités et le patronat.

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Le ministre du travail en donne une illustration, malgré lui, le lendemain. Chargé du service après-vente de la réforme, Olivier Dussopt répond sur BFM-TV à des Français, dont un cadre quadragénaire ayant commencé à travailler à 25 ans, qui touchera une retraite pleine à 66 ans. « Ça ne changera rien à votre situation », assure le ministre. Soucieux de précision, il ajoute que l’intéressé subit aujourd’hui une « grosse décote » s’il prend sa retraite à 62 ans, avant d’avoir cotisé ses quarante-trois annuités. « Demain, vante-t-il, (…) vous pourrez partir à 64 ans, mais il y aura une décote moins importante ». « Très bien », dit le col blanc.

« Réforme sacrificielle »

Ce déséquilibre a été identifié au sein du gouvernement. De même, une ministre note que les retraités disposent, en moyenne, de revenus supérieurs à ceux des actifs, mais s’en tient publiquement à la ligne formulée par Elisabeth Borne : « Notre projet, c’est agir pour les retraités actuels et pour leur pouvoir d’achat. » Marie Lebec, députée Renaissance des Yvelines, reconnaît sans ciller que cette « réforme sacrificielle » repose d’abord sur les Français des classes moyennes et intermédiaires, qui devront travailler deux ans de plus. « Il y a une aberration dans le système », admet l’élue venue de la droite, familière des milieux de cadres supérieurs du privé qui, à 55 ans, jouent parfois des coudes pour bénéficier d’un plan de départ, d’une période de chômage et d’une préretraite, avant de siéger dans des conseils d’administration… bref, qui optimisent la règle. « Rien d’illégal, mais cela coûte cher et à un certain niveau, c’est indécent », pointe-t-elle.

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