« Parcoursup : machine à stress », « Parcoursup, une angoisse nationale », « Parcoursup, le stress à l’heure du choix », etc. : depuis son lancement en 2018, chaque session de la procédure d’orientation vers l’enseignement supérieur donne lieu aux mêmes titres anxiogènes et au même type de témoignages. Comment les émotions du lycéen interfèrent-elles avec la réflexion rationnelle, nécessaire pour faire ses choix ? Eléments de réponse avec Emmanuelle Vignoli, maîtresse de conférences en psychologie de l’orientation au CNAM.
A quels types d’émotions la procédure Parcoursup soumet-elle les lycéens ?
La procédure d’affectation dans l’enseignement supérieur catalyse les émotions que ressentent plus globalement les lycéens vis-à-vis de leur orientation et de leur avenir. « Est-ce que je sais ce que j’ai envie de faire ? », « Quelles formations sont adaptées pour y arriver ? », « Est-ce que j’ai le niveau pour réussir ? »… ces questionnements, qui répondent à une logique en apparence seulement rationnelle et cognitive, obligent à se connaître, à avoir une idée claire des formations, à faire appel à ses goûts et envies. Mais ils projettent surtout vers l’avenir, avec une part d’incertitude forte, même une fois que les vœux de formation ont été effectués. D’où l’anxiété ressentie par un nombre important de jeunes – l’une des principales émotions d’anticipation. Il ne faut pas sous-estimer l’influence des émotions dans les choix d’orientation.
Ces émotions peuvent-elles avoir un rôle positif ?
Joie, tristesse, anxiété, colère, peur, dégoût… on pense parfois que ces émotions ne sont que la conséquence psychologique d’une situation, ou la source de troubles du comportement, mais elles ont en fait une fonction « adaptative ». Autrement dit, elles jouent le rôle de guide pour l’individu, chez qui elles orientent les conduites et processus cognitifs, afin de répondre – en théorie efficacement – à la situation en question. Elles l’alertent sur le fait qu’il se passe quelque chose d’important dans son environnement : dans ce cas, il faut faire attention et préparer l’organisme.
Quand un jeune est anxieux pour son orientation, sa mémoire est stimulée par cette émotion – de même que son attention et son raisonnement, lorsqu’il explore les possibilités, s’informe sur les formations, établit des hypothèses de réussite ou d’échec, choisit les informations les plus pertinentes, anticipe les problèmes, etc. Mais cette anxiété peut l’inciter à la prudence face au « danger », comme elle peut complètement l’inhiber et le bloquer, voire biaiser ses choix, si son niveau est trop important.
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