Le calendrier de la réforme des retraites est-il venu heurter celui de la réforme des bourses étudiantes ? Prévus pour le mois de janvier, les premiers arbitrages de la ministre de l’enseignement supérieur pour la rentrée 2023 ne seront finalement connus qu’« en février », indique l’entourage de Sylvie Retailleau, interrogé par Le Monde. D’autres décisions doivent suivre d’ici à l’été, pour une « réforme structurelle » à horizon 2024 voire 2025, selon le déroulé initial.
Impatientes, les organisations représentatives étudiantes s’étonnent de n’avoir reçu en ce début d’année « aucune nouvelle des résultats de la concertation menée depuis octobre [2022] », rapporte Imane Ouelhadj, présidente de l’UNEF. « Si les annonces se faisaient comme prévu, sans doute y aurait-il un risque d’embrasement du conflit social provoqué par la réforme des retraites ? », suppute Eléonore Schmitt, secrétaire nationale de L’Alternative.
D’après un document interne que Le Monde s’est procuré, issu des concertations menées depuis l’automne par l’universitaire Jean-Michel Jolion, un scénario est pourtant déjà prêt pour la rentrée 2023, qui consiste en un dépoussiérage du système d’allocation actuel. Il lui reste à obtenir la validation de Matignon, qui aura vraisemblablement préféré jouer la prudence, selon nos sources, en retardant sa diffusion aux représentants étudiants.
Dans cette synthèse, le ministère acte que le nombre de boursiers sur critères sociaux a récemment connu « de fortes baisses », chiffrées à « moins 20 000 entre 2020 et 2021 et moins 50 000 entre 2021 et 2022 ». « A réglementation constante, on estime à 8 % le nombre de boursiers en 2020-2021 qui ne seront plus éligibles aux bourses pour l’année universitaire 2024-2025, soit une nouvelle baisse de 60 000 bénéficiaires », souligne le document ministériel.
En cause : l’absence d’actualisation, depuis 2013, du barème de référence des ressources des parents, ce qui fait que les bourses manquent en partie leur cible en excluant toute une population issue des classes moyennes, pourtant touchée de plein fouet par la crise sanitaire et par l’inflation.
Hausse potentielle du montant de 10 %
En revalorisant de 13,9 % le barème de référence des ressources des parents de façon à le mettre en conformité avec la revalorisation du smic intervenue entre 2011 et 2021, le ministère estime à 10 % le nombre de boursiers supplémentaires (+ 71 000) à la rentrée 2023. De plus, 40 % des bénéficiaires actuels (288 000) passeraient à l’échelon supérieur. Allié à une « linéarisation » des huit échelons de bourses existants, de façon à « moduler leur montant en fonction de la situation réelle de l’étudiant », le projet permettrait à 662 000 boursiers (92 % du total) de voir leurs bourses progresser de 10 % en moyenne.
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