
Catherine Meunier n’est pas du genre à se plaindre. Dans les années 1970, quand son mari est parti en coopération en Afrique du Nord, elle a posé deux ans de disponibilité pour le suivre. Au retour, elle a enchaîné les temps partiels dans la fonction publique pour s’occuper de leurs quatre enfants. Résultat : « Je touche une petite retraite, 1 100 euros par mois − mais tout va bien, je suis mieux lotie que beaucoup d’autres ! », insiste-t-elle. Quand elle repense à sa carrière hachée, elle reconnaît néanmoins, à demi-mot : « En vérité, je n’ai pas eu le choix. A l’époque, il était impensable que le père fasse de tels sacrifices. »
Claudine Lefebvre non plus n’est pas du genre à se plaindre. A 70 ans, elle travaille encore près de Nice – chaque soir, elle récupère les enfants d’une voisine après l’école – pour compléter sa pension, de 1 000 euros mensuels. « C’est assez pour vivre, mais pas pour me permettre d’aller régulièrement voir mes fils à Paris. » Mère célibataire, ancienne vendeuse, elle s’est arrêtée longtemps de travailler pour élever ses deux garçons, avec l’aide informelle de son frère. « Si j’avais compris plus tôt que cela me ferait une retraite aussi petite, je me serais débrouillée pour travailler plus. Mais comment ? »
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