Bernard Arnault a tranché : le centre de recherche et d’innovation sur le luxe durable ne sera pas situé sur le terrain du parc d’innovation de l’Ecole polytechnique. Dans une lettre datée du 13 janvier adressée au maire de Palaiseau, Grégoire de Lasteryrie, et au directeur général de l’EPA-PS (établissement public d’aménagement du plateau de Paris-Saclay) , Philippe Van de Maele, le PDG du groupe LVMH annonce que « c’est aujourd’hui vers un terrain situé en dehors du plateau de Palaiseau-Saclay et du périmètre de l’EPA-PS que va notre préférence » sans que cette décision « remette en cause le partenariat de recherche discuté avec l’Ecole polytechnique ».
Cette décision intervient alors que le conseil d’administration de l’école avait voté en faveur du projet le 8 novembre par dix-neuf voix sur un total de 24 membres votants. Le feu vert ouvrait la voie à la cession de ce terrain de 30 000 mètres situé à l’est de l’école par l’EPA-PS au groupe de luxe. A l’horizon 2026, LVMH souhaitait créer un bâtiment de 22 000 mètres carrés pour y abriter 300 chercheurs en y allouant plus de 100 millions d’euros d’investissement.
Sans donner les raisons de ce changement de cap, Bernard Arnault rappelle dans sa lettre consultée par Le Monde que le terrain « situé à la pointe du parc d’innovation de l’Ecole polytechnique lui convenait bien et que le vote positif du CA de l’école était assurément une très bonne nouvelle ».
Deux recours
Le groupe de luxe s’était heurté à une levée de boucliers quelques mois avant la tenue de ce conseil. Un sondage mené auprès des trois dernières promotions d’élèves (environ 1 600 personnes contactées, 55 % de répondants) fin octobre, montrait que le projet d’implantation était perçu comme très « clivant ». Parmi les points « faibles » cités par les élèves : « l’association de l’image de LVMH à celle de l’X » (67 %), le « manque d’intérêt général dans le projet » (66 %) et « l’installation définitive » (63 %) d’une entreprise sur le campus.
Le collectif « Polytechnique n’est pas à vendre ! » créé par des anciens élèves critiquait sur son site Internet le manque « d’intérêt scientifique du projet, son inadéquation avec les valeurs de l’établissement et la perte de ressources foncières stratégique pour l’Ecole polytechnique au profit d’une entreprise privée ». Et, dans la foulée du conseil du 8 novembre, l’association avait déposé deux recours contre cette décision devant le tribunal administratif de Versailles, pour obtenir l’annulation de la décision du conseil d’administration pour vice d’informations des administrateurs et non-respect des procédures de consultation préalables.
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