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Les professionnels du droit inquiets de la montée d’un « populisme judiciaire »

Ils dénoncent un « tribunal médiatique » qui met en danger la présomption d’innocence ou le droit à un procès équitable, et misent sur le temps long et la pédagogie pour faire passer un message alternatif.

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Publié le 23 janvier 2023 à 14h00, modifié le 23 janvier 2023 à 18h36

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C’est un phénomène ancien, mais qui connaît une ampleur inédite : le populisme judiciaire. Avant même le procès de l’« affaire de Roanne », qui doit s’ouvrir mardi 24 janvier, plusieurs voix ont réclamé la clémence pour le prévenu, père de famille, qui, en octobre 2022, a roué de coups un adolescent soupçonné d’avoir agressé sexuellement sa fille. Valeurs actuelles avait alors titré sur « La tentation de l’autodéfense ». Eric Ciotti, aujourd’hui président du parti Les Républicains, déclarait qu’il « ne condamnerait pas un père de famille qui protège sa fille ». Parfois, l’« autodéfense » aboutit à des drames. En octobre aussi, dans les Alpes-Maritimes, un homme suspecté d’être cambrioleur est mort après avoir été passé à tabac par des hommes alertés par une victime.

Depuis plusieurs semaines, les critiques envers la justice se multiplient. Celle-ci serait trop « laxiste », trop « lente » et trop favorable aux délinquants et criminels. Le déclencheur a été le meurtre, dans des circonstances atroces, de la jeune Lola, 12 ans, mi-octobre 2022. Plusieurs médias ont sonné la charge. Valeurs actuelles, déjà, hebdomadaire à la lisière entre droite et extrême droite, se demande alors s’il n’est pas temps d’en « finir » avec « l’Etat de droit ». Cyril Hanouna, animateur vedette de C8, dont l’émission « Touche pas à mon poste » bénéficie d’environ 2 millions de téléspectateurs, réclame « un procès immédiat », et la « perpétuité directe, sans discussion », car il faudrait « vivre avec son temps », et se demande s’il ne faudrait pas juger « les fous ».

« Vindicte populaire »

Faut-il répondre à ces attaques ? C’est un dilemme pour les professionnels du droit, qui s’interrogent sur comment porter un message alternatif. De fait, ces demandes de fermeté trouvent un écho réel dans la population. Ainsi, dans l’enquête « Fractures françaises » – réalisée par Ipsos-Sopra Steria pour Le Monde, la Fondation Jean Jaurès et le Cevipof (Sciences Po) sur un panel de 12 000 personnes et publiée en octobre 2022 –, 48 % des personnes interrogées sont favorables à la peine de mort. De même, dans l’étude annuelle Kantar Public-Epoka pour Le Monde et Franceinfo, sur l’image du Rassemblement national (réalisée auprès de 1 014 personnes, choisies selon la méthode des quotas, et publiée le 13 décembre), 61 % des interrogés estiment que « la justice n’est pas assez sévère avec les petits délinquants ».

Les attaques contre les fondements du droit, les gens de justice – avocats et magistrats – y sont habitués. Mais leur généralisation les inquiète. Ainsi, dans son discours pour la rentrée solennelle du barreau de Paris, fin novembre 2022, la bâtonnière Julie Couturier a alerté contre « le tribunal médiatique, de l’opinion, qui vise à déconstruire certains principes, notamment la présomption d’innocence » ou encore le « droit à un procès équitable ». Elle a condamné un « mouvement de fond où l’émotion l’emporte sur la raison et la vulgarité sur la nuance ».

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