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« Les frontières entre le marché, la fiscalité et le don sont mouvantes »

Dans un entretien au « Monde », le sociologue Philippe Steiner éclaire l’importance du don dans les sociétés contemporaines.

Propos recueillis par 

Publié le 22 janvier 2023 à 17h30, modifié le 29 août 2023 à 15h41

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Professeur de sociologie à l’université Paris-Sorbonne et auteur de Donner… Une histoire de l’altruisme (PUF, 2016), Philippe Steiner revient sur la place du don dans les échanges.

Qu’il s’agisse d’argent, de temps ou d’objets, pourquoi donne-t-on de nos jours ?

Deux types d’argument ressortent des enquêtes auprès des donateurs : la solidarité – « si j’étais dans le besoin, j’aimerais être aidé » – et la réciprocité – « j’ai reçu, donc je suis en dette et je rends ». Les motivations peuvent être liées à la religion, au voisinage ou aux liens familiaux. Ainsi, on donne d’abord à ceux qui nous sont similaires, parce qu’ils partagent le même culte, habitent au même endroit ou ont la même ascendance que nous.

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Il n’y a pourtant plus forcément de contact entre donateur et bénéficiaire. Le don ne devient-il pas de plus en plus abstrait et impersonnel ?

Il y a en effet de plus en plus une double pratique du don dans nos sociétés contemporaines. Outre les dons interpersonnels, qui vont du cadeau de courtoisie, tel le gâteau que l’on apporte à un dîner, à l’aide matérielle apportée à son entourage, les dons organisationnels, c’est-à-dire qui passent par une ou plusieurs organisations, deviennent de plus en plus prégnants. Le don d’organes en fournit un bon exemple : on ne saura jamais qui a donné et qui a reçu, c’est la loi.

Un autre cas d’école est la Fondation de France, qui redistribue les sommes collectées aux fondations qu’elle héberge. Si le don organisationnel est donc anonyme, ces intermédiaires nous aident néanmoins à prendre conscience de notre humanité commune. Cela se manifeste lors des élans de générosité qui suivent les grandes catastrophes telles que le tsunami dans le Sud-Est asiatique (2004) ou la guerre en Ukraine. On n’ira sans doute jamais dans les lieux sinistrés, on ne connaît pas les gens qui vont bénéficier de notre aide, et pourtant on souffre à distance, et l’on est solidaire à distance.

Vous soulignez dans votre « Histoire de l’altruisme » que cette notion s’oppose à l’égoïsme, mais pas à l’échange marchand. Qu’est-ce que cela signifie ?

Du point de vue de la sociologie, le don n’est pas sans contrepartie : il entraîne un contre-don. La solidarité produit donc des échanges, y compris marchands. Les dons organisationnels ont à cet égard un effet démultiplicateur : les 500 euros envoyés à une ONG serviront à hauteur de 90 % à payer des salaires, du transport, à acheter des vivres… Un don va générer une multitude d’échanges marchands qui vont aboutir à un don. D’où un entremêlement entre altruisme et échange.

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