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Réforme des retraites : pour les professeurs, « enseigner dans ces conditions jusqu’à plus de 64 ans, c’est impensable »

Les enseignants décrivent leur « usure professionnelle » et s’inquiètent de devoir toujours être face à des classes à 64 ans et plus. La réforme des retraites met en lumière l’enjeu plus large des fins de carrière dans une profession où aucun aménagement n’est prévu.

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Publié le 24 janvier 2023 à 06h30, modifié le 24 janvier 2023 à 17h04

Temps de Lecture 6 min.

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Dans le cortège de la manifestation contre le projet de loi du gouvernement visant à réformer le système des retraites, à Paris, le 19 janvier 2023.

Dans la salle des maîtres de l’école de Thierry Pajot, depuis plusieurs semaines, il n’est plus question de Covid-19 comme ces trois dernières années, de revalorisation salariale ou de pénurie d’enseignants. Il est question de départ à la retraite. « Chacun se demande quand il pourra partir après la réforme et avec quelle décote, tout le monde fait des simulations en ligne », relate ce directeur d’école niçois.

A 59 ans, celui qui est aussi secrétaire général du Syndicat des directrices et directeurs d’école fera partie des premières générations d’enseignants concernées par la réforme des retraites voulue par le gouvernement et présentée lundi 23 janvier en conseil des ministres. Elle prévoit un recul progressif de l’âge légal de départ de 62 ans aujourd’hui à 64 ans en 2030. Elle augmente également la durée de cotisation pour bénéficier d’une pension à taux plein : de quarante-deux ans aujourd’hui à quarante-trois ans en 2027. M. Pajot a beau avoir toujours pensé « garder son poste tant qu’[il] aura[it] la santé », il s’envisage davantage comme directeur à temps plein que devant une classe après 62 ans : « J’ai 31 élèves dans mon CM2 aujourd’hui, et 17 nationalités différentes. Ça demande beaucoup… Est-ce que je serai encore en capacité de faire ça longtemps ? »

La même question revient en boucle chez tous les enseignants, et beaucoup y répondent par la négative, au regard de leurs conditions et de leur rythme de travail actuels. Lors de la première journée de manifestation, le 19 janvier, le ministère de l’éducation nationale a dénombré 42 % d’enseignants en grève en primaire et 34 % dans le secondaire – des estimations inférieures à celles des syndicats, mais qui placent le mouvement parmi les plus mobilisateurs des vingt dernières années. « C’est un métier génial mais qui demande des heures et des heures de travail pour préparer ses cours, se renouveler, corriger des dizaines de copies, accompagner les élèves, monter des projets… C’est impensable de travailler comme ça jusqu’à plus de 64 ans, ou alors je ne le ferai pas aussi bien qu’aujourd’hui, et la qualité de l’enseignement en pâtira », estime ainsi Emmanuelle (elle n’a pas souhaité donner son nom), 47 ans, professeure d’histoire-géographie en lycée et opposée à la réforme.

« C’est physique de tenir une classe »

Tous soulignent « l’usure professionnelle » qu’ils ressentent et qui pèse d’ores et déjà sur les fins de carrière. « C’est physique de tenir une classe, surtout qu’elles sont de plus en plus chargées et que les élèves sont de plus en plus hétérogènes ! », résume Philippe Courtois, professeur en collège de 60 ans. Et de préciser : « Vous avez intérêt à être au meilleur de votre forme pour encadrer un groupe d’une trentaine d’adolescents car vous êtes seul en responsabilité et ne pouvez pas relâcher votre attention une minute. »

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