C’est un nouveau coup dur pour Eric Labaye. Le président de l’Ecole polytechnique et de l’Institut polytechnique de Paris (IPP) n’a pas réussi à décrocher LVMH. Le groupe de luxe a confirmé, lundi 23 janvier, renoncer à son projet à plus de 100 millions d’euros de créer un laboratoire de recherche sur le plateau de Saclay, à proximité de l’Ecole polytechnique.
Dans une lettre adressée le 13 janvier, Bernard Arnault, PDG du groupe de luxe, a averti Grégoire de Lasteyrie, maire de Palaiseau, et Philippe Van de Maele, directeur général de l’établissement public d’aménagement Paris-Saclay (EPA-PS), que son choix se portait désormais sur un autre « terrain situé en dehors du plateau de Palaiseau-Saclay et du périmètre de l’EPA-PS ». LVMH ne précise pas l’adresse qu’il a finalement choisie.
Il y a trois mois, le 8 novembre, en dépit de l’opposition de l’association Polytechnique n’est pas à vendre !, le conseil d’administration de l’Ecole polytechnique avait pourtant donné son feu vert au rachat d’un terrain appartenant à l’EPA. Le groupe aux 64 milliards d’euros de chiffre d’affaires devait y créer un laboratoire de recherche de 22 500 mètres carrés.
Bernard Arnault jurait vouloir y employer 300 chercheurs pour plancher sur les « matériaux durables, la data et l’intelligence artificielle, ainsi que sur les sciences du vivant ». Devant le tribunal administratif de Versailles, l’association Polytechnique n’est pas à vendre ! avait déposé deux recours pour annuler cette décision, en décembre 2022 et janvier 2023. LVMH assure que son abandon n’est pas lié à ce contentieux. « Nous avons trouvé un autre terrain qui répond parfaitement à notre projet architectural et de recherche », précise un porte-parole, sans toutefois expliquer cette volte-face.
Manque de consistance
La direction de l’école essuie un nouveau revers, un an presque jour pour jour après l’abandon de TotalEnergies. En janvier 2022, après des mois de polémiques, une manifestation inédite des élèves de l’X, réputés peu rebelles, dans la cour Vaneau, et l’ouverture d’une enquête préliminaire du Parquet national financier à l’encontre de Patrick Pouyanné, PDG du groupe pétrolier, membre du conseil d’administration de l’Ecole polytechnique, pour d’éventuels faits de prise illégale d’intérêts, TotalEnergies avait jeté l’éponge.
« La stratégie qui consiste à vendre la moindre parcelle de terrain de l’école à des entreprises privées ne fonctionne pas », estime un opposant au projet LVMH
Cette fois, le programme académique de recherche, que LVMH avait dévoilé en juillet, serait en cause. Le manque de consistance de la « recherche fondamentale et appliquée » qu’il entendait « pour créer des innovations à la hauteur des défis que pose le luxe durable » aurait agacé les enseignants de Polytechnique. « Avoir à batailler contre l’équipe académique aurait été compliqué », juge un administrateur.
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