Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Les subtils équilibres du Conseil supérieur de la magistrature en passe d’être déréglés

La proposition de nommer deux anciens magistrats sur le quota des personnalités extérieures suscite des interrogations. Le Syndicat de la magistrature estime que cela est « contraire à l’esprit » de la Constitution.

Par 

Publié le 25 janvier 2023 à 11h30, modifié le 25 janvier 2023 à 16h08

Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Organe constitutionnel garant de l’indépendance des magistrats par rapport à l’exécutif, mais aussi formation disciplinaire et ayant des prérogatives importantes en matière de nomination, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) voit ses membres être renouvelés, fin janvier, à l’issue de leur mandature de quatre ans. Composé de magistrats et de non-magistrats – les « laïcs » dans le jargon –, il compte vingt-deux membres. Ce renouvellement devrait, normalement, se passer sans bruit. Mais, cette année, la proposition par le président du Sénat, Gérard Larcher, et par le président de la République, Emmanuel Macron, de nommer deux anciens magistrats, suscite des interrogations.

L’organisation du Conseil supérieur de la magistrature est franchement complexe. Le CSM comporte une formation pour les juges du siège (présidée par le premier président de la Cour de cassation, Christophe Soulard), une formation pour les magistrats du parquet (présidée par le procureur général près la Cour de cassation, François Molins) et une formation plénière. La composition de chaque formation varie selon sa mission – nomination ou disciplinaire –, mais jamais les magistrats ne sont supposés être majoritaires. Ils sont ainsi en nombre inférieur aux « laïcs » pour les nominations et à parité pour la discipline.

Lorsque la formation plénière se réunit, pour connaître des demandes d’avis formulées soit par le président de la République, soit par le garde des sceaux, elle est présidée par le premier président de la Cour de cassation et composée de six magistrats et des huit laïcs. Les magistrats sont élus par leurs pairs (une partie sur des listes syndicales au suffrage indirect). Les huit personnalités extérieures sont désignées par le président de la République, la présidente de l’Assemblée nationale, le président du Sénat, le Conseil d’Etat et le Conseil national des barreaux.

« Lutte contre le corporatisme »

Problème : cette année, ces subtils équilibres pourraient bien être remis en question avec la nomination de Dominique Lottin, sur proposition du président du Sénat, et de Patrick Titiun, sur celle du chef de l’Etat, deux anciens magistrats. Certes, techniquement, aucun d’entre eux ne l’est plus aujourd’hui. Cependant, certains estiment que leur nomination sur le quota des non-magistrats trahit l’esprit de la loi constitutionnelle.

C’est surtout le cas de Mme Lottin qui fait débat. Auparavant conseillère au Conseil constitutionnel, c’est une magistrate à la longue carrière. Selon ses détracteurs, au vu de la carrière de Mme Lottin et de ses précédentes fonctions, notamment à la direction des services judiciaires, il est difficile de la considérer comme l’une des huit « laïcs ». « C’est contraire à l’esprit du texte et à la lutte contre le corporatisme. Cela veut dire que, pendant quatre ans, il y aura une majorité de magistrats au CSM [notamment dans ses formations disciplinaires] », explique ainsi Kim Reuflet, présidente du Syndicat de la magistrature (SM, gauche). Dans un communiqué, le SM estime ainsi qu’« élargir de cette manière le champ des personnalités qualifiées au corps de la magistrature – et dans le même temps à la haute hiérarchie judiciaire déjà surreprésentée au sein du CSM – relève d’un choix schizophrénique, venant de ceux qui ne manquent jamais de dénoncer le corporatisme judiciaire. Ce choix est en parfaite contradiction avec l’esprit des textes applicables en la matière ».

Il vous reste 46.45% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.