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A La Poste, derrière la fin du timbre rouge, un modèle à repenser

Le groupe adapte son offre commerciale au déclin des volumes de courrier et poursuit sa diversification dans le colis, les services et le numérique. Une stratégie qui l’expose aux critiques sur l’avenir du service public universel et celui du métier de facteur.

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Publié le 26 janvier 2023 à 04h00, modifié le 27 janvier 2023 à 10h24

Temps de Lecture 7 min.

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Dans les environs de Blois (Loir-et-Cher), le 20 janvier 2023.

La Poste du Louvre, dans le centre de Paris, a été, pendant plus d’un siècle, la plus connue de France : ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre, le bâtiment de 32 000 mètres carrés était la dernière chance des retardataires de la déclaration de revenus. Aujourd’hui entièrement rénovée, elle héberge un hôtel 5 étoiles, une halte-garderie, des espaces de travail partagés, un bar en rooftop, ainsi qu’un bureau de poste, dans lequel le visiteur trouve bien plus d’écrans tactiles que de postiers. Et, depuis le 1er janvier, pas un seul timbre rouge.

Ce dernier, supprimé, laisse la place à l’« e-lettre rouge », à mi-chemin entre courrier électronique et envoi sous pli. Un basculement qui a valu à La Poste moqueries et protestations. Au Sénat, l’élue communiste de Dordogne Marie-Claude Varaillas a dénoncé « un pas de plus vers la désagrégation du service public », tandis que, sur Twitter, le secrétaire général de Renaissance, Stéphane Séjourné, a souligné le risque de voir le groupe public se moderniser « au détriment [des personnes] les plus [âgées], les plus [éloignées] de l’informatique ou les plus [isolées] sur le territoire ».

A ces inquiétudes, La Poste répond par l’évolution des usages : 75 millions de plis prioritaires envoyés par des particuliers en 2022, soit à peine trois ou quatre timbres rouges par ménage et par an, c’est quatorze fois moins qu’en 2010. Une baisse « assez vertigineuse », observe Philippe Dorge, le directeur général adjoint, chargé de la branche services-courrier-colis. « On parle d’un usage qui disparaît », ajoute-t-il. Il rappelle que la fin du « J + 1 » timbré permettra d’améliorer le bilan carbone du groupe, en supprimant trois liaisons aériennes et trois cents trajets par la route chaque jour.

Marlène Thévenin, factrice « rouleuse », ici sur la plate-forme de préparation et de distribution du courrier de Blois (Loir-et-Cher), le 20 janvier 2023. Aujourd’hui, une grande partie du travail des facteurs ne consiste plus à distribuer du courrier, mais des colis.

« En 2030, nous prévoyons de traiter encore plus de trois milliards de plis, mais ce sera deux fois moins qu’aujourd’hui et six fois moins qu’en 2008 », résume M. Dorge. Conséquence : si les Français continuent d’ouvrir leur boîte aux lettres tous les jours, elle risque d’être de plus en plus souvent vide. Cette évolution se lit déjà dans les comptes de l’entreprise : au premier semestre 2022, le chiffre d’affaires du courrier, à 3,6 milliards d’euros, représentait à peine plus de 20 % du total du groupe, contre 42 % pour GeoPost, la branche « colis », qui réunit entre autres Chronopost et DPD, et 24 % pour La Banque postale, la division banque et assurances. Dix ans plus tôt, le courrier générait encore plus de la moitié des recettes.

L’enjeu de la mutation en cours est donc de poursuivre l’acheminement du courrier « à un prix acceptable », note M. Dorge, tout en continuant à assurer le « service universel postal » six jours sur sept, imposé au groupe par la loi, mais dont les pertes ont atteint 1,3 milliard d’euros en 2021.

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