Nommée en janvier 2022 à la tête de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris, en succession de Jean de Loisy, Alexia Fabre, ancienne directrice du MAC Val de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), dévoile ses projets à la veille de la journée portes ouvertes de l’établissement, samedi 28 janvier.
Vous êtes arrivée il y a un an à la tête des Beaux-Arts de Paris. Quels chantiers prioritaires avez-vous mis en place ?
Les Beaux-Arts, c’est une école, mais aussi un musée, un site patrimonial, une maison d’édition : plusieurs missions qu’il s’agit de concilier, ou plutôt de mettre en musique. Une des urgences qui s’imposent à nous est l’entretien du bâtiment. Ce qui a été fait a été bien fait, mais c’était cosmétique. Les problèmes sont structurels. La grande cour s’effondre, il faut le dire. La copie du Jugement dernier dans la chapelle est en péril, nous devons donc trouver de l’argent pour la restaurer. Tout comme le palais des études.
Et concernant la pédagogie ?
Il y a un certain déterminisme du bâtiment, qui peine à fabriquer du lien. C’est la maison des courants d’air, avec beaucoup d’espaces vides, des ateliers séparés : le lieu freine les relations. Cela a été ma première approche : contredire ce déterminisme pour créer du lien. Nous avons suscité beaucoup de moments communs, créé un groupe Hospitalité qui accueille les nouveaux arrivants. C’est le fil rouge de cette année. En 2024, nous insisterons sur la transition écologique, qui irrigue déjà tout, notamment dans les ateliers de production de Saint-Ouen, où se réinventent des matériaux non polluants, non toxiques.
Vous intégrez cette année Parcoursup. Cela va-t-il changer vos modes de recrutement ?
Le concours subsiste après une première sélection sur dossier avec Parcoursup, avec une épreuve de dessin, une théorique, puis une rencontre entre le postulant et l’équipe enseignante. Nous cherchons des singularités, hors des critères scolaires. La question de la diversité dans notre recrutement est fondamentale, le ministère y est aussi attaché que nous. Pendant des années, les prépas privées ont eu un grand pouvoir, ce qui a contribué à dessiner un profil marqué. Nos écoles doivent offrir un contrepoint. Notre prépa publique, Via Ferrata, créée en 2016, est un succès, il faut que cela dure. Elle a doublé ses effectifs il y a deux ans, pour accueillir cinquante étudiants. Cent pour cent d’entre eux sont admis dans une école d’art !
La spécificité des Beaux-Arts de Paris tient à sa structure en ateliers menés par des artistes. Elle est souvent critiquée. Quelle est votre analyse ?
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