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L'apprentissage a battu un nouveau record en 2022

Le nombre d'entrées en apprentissage a encore fortement progressé l'an passé et a franchi la barre des 800.000. Si la réforme Pénicaud de 2018 a réussi le pari de la quantité, il lui faut désormais gagner celui de la qualité.

Sauf retournement de conjoncture, l'objectif de 1 million de contrats d'apprentissage signés par an pourrait être atteint dès 2023.
Sauf retournement de conjoncture, l'objectif de 1 million de contrats d'apprentissage signés par an pourrait être atteint dès 2023. (iStock)

Par Alain Ruello

Publié le 1 févr. 2023 à 17:07Mis à jour le 1 févr. 2023 à 19:49

Avec près de 810.000 entrées en apprentissage de janvier à novembre (privé et public confondus) selon des chiffres bruts du ministère du Travail tout juste publiés, le millésime 2022 est parti pour battre un nouveau record. S'y ajouteront environ 20.000 contrats en décembre - les chiffres définitifs seront connus fin février - ce qui augure d'une progression annuelle d'au moins 12 % probablement encore tirée par les étudiants et le secteur tertiaire.

A ce rythme, l'objectif du million par an du gouvernement sera atteint en 2024, peut-être même dès cette année, sauf retournement de conjoncture et à condition de trouver les jeunes. Pour autant, les chiffres marquent un ralentissement par rapport aux +38 % enregistrés en 2021. L'opérateur de compétences interindustriel Opco 2i, qui table sur une croissance de 5 % dans son périmètre, y voit la conséquence d'un certain attentisme des entreprises, lié au contexte économique. L'annonce tardive de l'avenir de la prime à l'embauche - ramenée à 6.000 euros - a pu jouer aussi pour les TPE, estime son vice-président, Pascal Le Guyader.

Virage structurel

Plus globalement, l'apprentissage aborde un virage structurel. De l'avis unanime, la réforme Pénicaud de 2018, qui a libéralisé son fonctionnement sous le contrôle de l'établissement France compétences, a réussi son premier pari. Autrefois reléguée aux élèves en échec scolaire, cette forme d'enseignement par alternance a gagné ses lettres de noblesse, malgré les effets d'aubaine inévitables d'établissements privés aux pratiques douteuses .

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La progression est surtout le fait du supérieur ? C'est vrai, mais c'est oublier que l'apprentissage ne fait que suivre l'allongement des durées d'études, que cela permet à beaucoup de jeunes défavorisés d'en être, et que les niveaux bac ou infra ont repris des couleurs depuis quatre ans.

Les chiffres sur la rentabilité des Centres de formation d'apprentis battent aussi en brèche les soupçons de pompage des fonds publics par des fonds d'investissement. Des statistiques de France compétences , auxquelles « Les Echos » ont eu accès. Il en ressort que sur les 2.000 CFA environ, 450 ont perdu de l'argent en 2021. Les autres ont dégagé un excédent moyen de 524.000 euros, ou de 320.000 euros pour les seules 700 structures privées (hors associations, consulaires et publics). Surtout, près de neuf CFA sur dix déclarent réinvestir leurs profits dans l'apprentissage.

« La fuite de l'argent de l'apprentissage vers les actionnaires n'est pas avérée », a assuré, lors des Universités de la formation professionnelle la semaine dernière à Cannes, Axel Cournède, le conseiller de la ministre déléguée de l'Enseignement et de la Formation professionnelle chargé du dossier. Pas plus que n'est avérée l'abondance de cas d'employeurs qui se séparent de jeunes pour enquiller les primes à l'embauche, a-t-il ajouté.

Taux d'insertion

Si la bataille quantitative a été gagnée, c'est maintenant celle de la qualité de la pédagogie qui se joue, malgré des taux d'insertion élevés. « Surtout avec l'objectif du gouvernement d'atteindre 1 million de contrats », insiste le président de la Fédération nationale des directeurs de CFA (Fnadir), Pascal Picault. Près d'un contrat sur trois est rompu prématurément, même si nombre de jeunes en signent un autre dans les six mois qui suivent.

Le chantier de la qualité se joue d'abord sur l'orientation des jeunes en troisième , qu'Emmanuel Macron a promis de réformer. La Fnadir insiste sur la formation des maîtres d'apprentissage et les référentiels qualité.

Autre levier très complexe, la convergence des niveaux de prises en charge des coûts pédagogiques des CFA avance. La prochaine révision des barèmes a été décalée de juillet à septembre.

La formule de calcul pourrait évoluer à terme en y insérant des critères liés à la qualité des enseignements et/ou aux taux d'insertion de sorte de favoriser les CFA vertueux. « On a commencé à travailler », a indiqué le directeur général de France compétences, Stéphane Lardy, toujours à Cannes. L'exercice s'annonce délicat. « La régulation par la qualité est un véritable sujet, mais attention à l'écueil d'une sélection à l'entrée des CFA », a abondé Axel Cournède.

Alain Ruello

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