Publicité
Décryptage

Pour enrayer la crise de vocation des enseignants, la piste de la titularisation sans concours

Dans un rapport publié ce mercredi, la Cour des comptes fait des recommandations qui recoupent celles du ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye, pour un recrutement « direct » des professeurs dans les endroits les plus en tension.

Entre 2017 et 2021, il aurait manqué chaque année un peu plus d'un millier de postes non pourvus aux concours.
Entre 2017 et 2021, il aurait manqué chaque année un peu plus d'un millier de postes non pourvus aux concours. (Mathilde MAZARS/REA)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 1 févr. 2023 à 18:28Mis à jour le 1 févr. 2023 à 19:24

Voilà qui va apporter de l'eau au moulin du ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye, qui planche sur l'attractivité du métier d'enseignant. Dans un rapport publié ce mercredi, la Cour des comptes recommande de s'attaquer à la crise des vocations et aux concours enseignants qui ne font plus assez recette.

Elle propose notamment, dans le premier degré, de fidéliser ces contractuels sur des contrats de trois à cinq ans, d'expérimenter cela dans les académies de Créteil et de Versailles - les plus en tension - mais de manière « très ciblée » sur certains établissements, et de le faire aussi pour certaines disciplines dans le second degré.

Entretien et tuteur

Dans le cadre de cette nouvelle voie d'accès au métier d'enseignant, les recteurs recruteraient « directement » des étudiants titulaires d'un master après entretien, pour une période de trois à cinq ans ; et non pour dix ou douze mois comme le font encore certaines académies. Ils recevraient « une formation adaptée » et pourraient être partiellement déchargés d'activité la première année. Un tuteur leur serait affecté et ils feraient l'objet d'un « suivi plus personnalisé par les corps d'inspection ».

Publicité

Le premier président de la Cour, Pierre Moscovici, admet « une convergence » avec l'approche de Pap Ndiaye. « Nous travaillons actuellement […] sur le recrutement et la formation d'élèves professeurs qui seraient titularisés au bout de cinq ans », indiquait le ministre de l'Education nationale, le 24 janvier, à l'Assemblée, provoquant de vives critiques parmi les syndicats enseignants.

Un recrutement associant un panel large

Selon le rapport, le recrutement pourrait « se formaliser par un ou deux entretiens pilotés par les autorités rectorales impliquant des profils variés de personnels », mêlant des cadres de l'Education nationale mais aussi des enseignants, des personnes extérieures à l'Education nationale et des chefs d'établissement qui seraient « associés étroitement au processus de recrutement ». L'entretien n'aurait rien à voir avec un oral de concours, il serait conçu comme un entretien de recrutement.

Ce contrat à durée déterminée de « moyen terme » pourrait se transformer en contrat à durée indéterminée à l'issue de cette période, à condition que l'enseignant s'engage dans ce métier pendant trois à cinq ans. En cette période de main-d'oeuvre très volatile, la Cour conseille à l'Education nationale d'éviter de continuer à faire de ses contractuels des postes précaires année après année.

Attirer des cadres en reconversion

Cette nouvelle voie serait aussi destinée à des salariés en reconversion « qui n'ont pas forcément envie de passer un concours à 40 ans », ajoute une magistrate de la Cour. Cette entrée dans l'Education nationale sans passer par la case concours se fonde sur l'idée que les étudiants qui obtiennent le concours, ceux qui échouent et ceux qui deviennent contractuels appartiennent au « même vivier ».

Pour attirer les candidats, les recteurs disposeraient de « primes spéciales », proposeraient « des avantages en termes de carrière » - notamment des points pour « augmenter ses chances d'obtenir la mutation souhaitée » et « de meilleures conditions de logement ». Un des auteurs du rapport évoque aussi une forme d'« intéressement », avec la possibilité pour le chef d'établissement « d'avoir une enveloppe (pour) récompenser ceux qui s'engagent le plus dans le projet d'établissement ».

« Des primes spéciales »

Cette nouvelle catégorie d'agents contractuels « dérogerait au droit commun de la fonction publique », pointe la Première ministre, Elisabeth Borne, dans sa réponse à la Cour, et « pourrait également conduire à une perte d'attractivité des concours ». Une réflexion est en cours « pour améliorer la gestion des personnels contractuels », précise-t-elle.

« A ce stade, la possibilité d'étendre les recrutements de contractuels sur une durée pluriannuelle (par exemple pour trois ans) dans certaines disciplines déficitaires ou dans certaines académies est à l'étude, afin de renforcer la fidélisation des professeurs contractuels déjà engagés par ailleurs. »

Marie-Christine Corbier

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité