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« Les métiers du secteur public peinent à attirer »

Le gel prolongé du point d’indice a miné le système de rémunération et l’attractivité des métiers des services publics, analyse le haut fonctionnaire territorial Johan Theuret, dans une tribune au « Monde ».

Publié le 03 février 2023 à 12h00, modifié le 03 février 2023 à 14h57 Temps de Lecture 4 min.

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La France compte 5,7 millions d’agents publics, dont les problèmes de rémunération renvoient à la fois à la question du pouvoir d’achat dans un contexte d’inflation et à celle, qui leur est propre, de l’attractivité des métiers du secteur public. Certes, le salaire constitue un levier parmi d’autres de cette attractivité, mais le gel de la valeur du point d’indice sur le temps long a fini par rendre quasi inopérants les autres leviers, notamment l’attrait des missions. Depuis plus d’une décennie, les politiques salariales de la fonction publique sont d’abord liées à la maîtrise des dépenses publiques, aux dépens de tout établissement d’un contrat de confiance dans la durée entre l’Etat employeur et les agents publics.

Certes, du fait des augmentations individuelles (promotions internes, avancements de grades et d’échelons) et catégorielles (aménagements ponctuels des grilles pour telle ou telle catégorie, comme le Ségur de la santé, le Grenelle de l’éducation, le Beauvau de la sécurité…), le gel de la valeur du point pendant plus de dix ans n’a pas complètement bloqué la hausse de la rémunération des agents publics. Néanmoins, entre 2013 et 2020, le salaire net moyen du secteur public a augmenté de 8,83 %, tandis qu’il a progressé de 14,35 % dans le secteur privé. Il en va de même du salaire net médian, qui, entre 2013 et 2020, a crû de 13,72 % dans le privé et de 9,91 % dans le public.

C’est pourquoi, dans un contexte d’inflation (5,2 % en 2022 et 4,3 % prévus en 2023), la revalorisation de 3,5 % de juillet 2022, la plus importante annuelle depuis 1985 selon le ministre de la fonction publique, Stanislas Guerini, ne signifie pas une augmentation équivalente du pouvoir d’achat des agents publics. Entre 2012 et fin 2023, avec une inflation de 22,8 % et à défaut de hausses régulières du point, les fonctionnaires auront perdu 18 % de niveau de vie.

« Fonctionnaire bashing »

A cette érosion du pouvoir d’achat, commune à tous les fonctionnaires, s’est ajouté le tassement des grilles indiciaires. Ce phénomène est provoqué par les augmentations du smic, qui progresse plus vite que le salaire moyen de la fonction publique. Le rattrapage des hausses du smic par les grilles indiciaires fait que, dans le temps, une part de plus en plus importante des premiers échelons des catégories C et B est rémunérée au smic. Cela provoque un sentiment de stagnation pour les jeunes agents et engendre pour les plus anciens une très forte réduction du différentiel de salaire lié à l’ancienneté. Suite à la nouvelle augmentation du smic au 1er janvier 2023, qui a bénéficié à 400 000 agents publics, un agent de catégorie A du 1er échelon a ainsi une rémunération indiciaire mensuelle qui n’est supérieure au smic que de 179 euros. Et malgré la revalorisation des débuts de carrière des agents de catégorie B au 1er septembre 2022, cette différence n’est que de 14,55 euros pour un agent de catégorie B au 1er échelon. Et elle est de… 7 euros pour un agent de catégorie C neuf ans après son entrée dans la fonction publique. Alors qu’en 2006, elle était encore de 77 euros !

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