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« Au théâtre, aller chercher des traumatismes pour jouer est contraire à la pensée de Stanislavski »

Dans un entretien au « Monde », le spécialiste de Constantin Stanislavski, Stéphane Poliakov, retrace l’influence mondiale qu’a eue ce metteur en scène russe sur la formation des acteurs.

Propos recueillis par 

Publié le 07 février 2023 à 08h00, modifié le 08 février 2023 à 10h51

Temps de Lecture 2 min.

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Stéphane Poliakov est maître de conférences au département théâtre de l’université Paris-VIII, auteur notamment de Constantin Stanislavski. Mettre en scène (Actes Sud, 2015). Il revient sur le legs du théoricien russe de l’utilisation de la « mémoire affective » du comédien, mort en 1938.

Quelle résonance la pensée de Stanislavski a-t-elle eue dans l’enseignement théâtral, jusqu’à aujourd’hui ?

Dans les pays de l’Est, elle est devenue la base de la formation, avec la diffusion de ses principaux écrits à partir de 1924, puis après sa mort au milieu du XXe siècle. Partant du travail du comédien sur lui-même pour aller vers le travail sur le rôle, il invente un vocabulaire et des méthodes de répétitions, fondées sur la psychologie de l’acteur à partir de son imagination, de ses impulsions. Mais ce « système de Stanislavski » s’est aussi transmis au-delà de l’Est. Notamment aux Etats-Unis, où son approche s’est diffusée à partir des tournées de Stanislavki dans les années 1920, qui ont beaucoup impressionné.

Après la révolution russe, certains de ses élèves se retrouvent aux Etats-Unis et ouvrent des écoles, qui mèneront au célèbre Actors Studio. Dans le monde anglo-saxon, la « méthode » devient une référence centrale de la pédagogie, avec les approches, réinterprétées, de personnes comme Lee Strasberg, qui ne l’avaient pas rencontré. De grands acteurs de cinéma s’y confrontent, comme Marlon Brando ou Marilyn Monroe. Mais ce Stanislavski américain est foncièrement différent de celui des pays de l’Est : la part psychologique, voire psychanalytique, y est souvent plus prononcée, en lien avec la mémoire affective.

Et en France ?

Ici, l’approche de Stanislavski a souvent été reçue avec beaucoup de méfiance. La « psychologie » a d’abord mauvaise presse : les metteurs en scène français ont souvent préféré l’héritage de Brecht, avec la vision d’un théâtre politique. Mais des hommes de théâtre comme Jacques Copeau ou Antoine Vitez ont emprunté à sa pensée. Une pédagogue comme Tania Balachova a aussi œuvré à la diffusion de son enseignement. Cependant, on confond souvent Stanislavski avec l’approche américaine de l’Actors Studio ou, pis, avec ses dérives commerciales.

Aujourd’hui encore, on ne comprend pas toujours que la psychologie de Stanislavski est une psychologie de la création et non une thérapie personnelle, comme tendent à le devenir certaines pédagogies.

Lire aussi une archive de 1988 : Article réservé à nos abonnés Le Siècle Stanislavski En attendant la vérité

La « Méthode » est souvent associée au fait d’aller chercher des traumatismes personnels pour jouer, de dépasser ses limites psychiques…

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