Parcoursup : vers une hiérarchisation des vœux dès le 15 juin ?

Le Comité éthique et scientifique de Parcoursup (CESP) a présenté jeudi 2 février la cinquième édition de son rapport annuel. Au total 18 propositions pour tenter d’améliorer la plateforme. Focus sur trois d’entre elles.

Le comité éthique et scientifique de Parcoursup a livré ses conseils pour la plateforme. LP / Fred Dugit
Le comité éthique et scientifique de Parcoursup a livré ses conseils pour la plateforme. LP / Fred Dugit

    « Parcoursup n’est pas responsable de tout. » C’est sur cette note que Gilles Roussel, le président du Comité éthique et scientifique de Parcoursup, a choisi d’introduire la présentation du rapport annuel du comité, lequel depuis 5 ans émet des propositions pour améliorer « l’efficacité, l’équité et la transparence » de la procédure.

    Car, comme a souhaité le rappeler celui qui est aussi président d’université, derrière les algorithmes qui permettent de trier les dossiers des candidats il y a bien des êtres humains, des enseignants qui constituent les Comités d’examen des vœux. Ces derniers déterminent les critères selon lesquels l’algorithme va classer les dossiers reçus.

    Dit autrement, ce n’est donc pas Parcoursup qui décide de l’avenir des bacheliers, mais bien les équipes pédagogiques qui arrêtent les critères et les prérequis qui leur semblent indispensables pour réussir dans leur filière d’études, contraintes par le nombre de places dont elles disposent. Le nombre de place étant lui-même dépendant des financements accordés par l’État à chaque formation de l’enseignement supérieur.

    Même si selon les membres du comité, « Parcoursup s’améliore d’année en année », le CESP a listé dans ce rapport 18 recommandations, dont certaines pourraient être mises en œuvre dès cette année.

    Classer tous les candidats sans exclure a priori

    L’une des recommandations du comité aux établissements d’enseignements supérieurs sélectifs est de classer tous les dossiers reçus, sans en exclure a priori sur tel ou tel critère (spécialité, note plancher, etc.). En effet, selon les membres du comité, exclure d’emblée certains profils expliquerait que certaines formations pourtant recherchées ne réussissent pas à faire le plein ; certains BTS ou classes prépas, par exemple, se retrouvent à proposer des places en procédure complémentaire à partir du 15 juin - un comble.

    Autre recommandation, cette fois pour améliorer la transparence des procédures d’admission : que les candidats aient connaissance des critères précis et des barèmes utilisés par les commissions d’examen des vœux pour classer leurs dossiers. C’est déjà une réalité dans des établissements d’enseignement supérieur étrangers, notamment anglo-saxons, qui communiquent en toute transparence sur leurs barèmes de sélection, ce qui permet aux candidats de calculer à l’avance leur classement. Le CESP propose donc que des formations volontaires de type différent (BTS, DUT, CPGE, etc.) expérimentent cette « transparence » dès 2024, et analysent ensuite les conséquences sur leurs admissions.

    En revanche, le comité n’est toujours pas favorable à l’anonymisation des lycées d’origine des candidats, comme le recommandait en 2020 la Cour des comptes. Cette anonymisation permettrait pourtant de déminer une des raisons de la défiance des candidats à l’encontre de Parcoursup : beaucoup de lycéens, notamment issus des lycées les moins cotés, tout comme certains de leurs enseignants, redoutent en effet que leur lycée d’origine pèse défavorablement sur leur dossier.

    Sur ce sujet, l’une des membres du comité a expliqué en conférence de presse qu’après examen des données de la campagne Parcoursup de 2021 en région Paca, le lycée d’origine ne jouait pas un rôle discriminant. Un constat qui semble en contradiction avec l’opposition des responsables de classes préparatoires à l’anonymisation des lycées - s’ils souhaitent avoir accès à cette information, c’est donc pour s’en servir.

    Un sujet moins anodin qu’il n’y paraît, car il revient à juger de la valeur d’un candidat en fonction de la valeur supposée ou fantasmée de son lycée. Or c’est un critère qui peut être très discriminant socialement puisque la plupart des jeunes issus de milieux défavorisés préparent leur bac dans leur lycée de secteur, qu’il soit classé « bon » ou « mauvais » - à l’inverse des lycéens les plus favorisés, pour lesquels le choix du lycée, éventuellement dans le privé, est une stratégie de longue haleine souvent élaborée par leurs parents dès le primaire.

    Une hiérarchisation des vœux plus précoce

    À retenir également parmi les propositions du CESP, celle de faire remonter plus tôt dans le calendrier la hiérarchisation de leurs vœux par les candidats. L’idée est d’accélérer la procédure et la redistribution des places libres, afin d’éviter que trop de futurs étudiants doivent attendre le cœur de l’été pour savoir où ils étudieront à la rentrée suivante. Une situation très stressante pour ceux et celles qui doivent quitter le foyer familial et trouver en urgence un logement dans une ville inconnue.



    En 2022 il avait ainsi été demandé aux candidats encore sur liste d’attente au 15 juillet de hiérarchiser leurs vœux, ce qui selon le comité a permis d’accélérer la fin de la procédure. Pour gagner encore un peu de temps, le CESP préconise que cette étape soit remontée à la mi-juin. Soit un mois de gagné, et la possibilité pour les candidats d’échanger avec leurs professeurs sur la meilleure stratégie à adopter pour établir leur classement - alors qu’à la mi-juillet les lycées sont fermés.

    Difficile pour l’instant de savoir lesquelles de ces propositions ont une chance d’être mises en œuvre, et selon quel calendrier. La balle est désormais dans le camp de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Sylvie Retailleau, qui a reçu le rapport du CESP ce jeudi.

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