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La Cour des comptes dénonce le « coût parfois exorbitant » des campus connectés

Dans un rapport publié ce mardi, les magistrats financiers pointent « le succès mitigé » des campus connectés. Ils avaient été créés en 2019, après le mouvement des « gilets jaunes », pour « reconnecter » des jeunes de villes moyennes à l'enseignement supérieur.

Selon le ministère de l'Enseignement supérieur, 1.039 étudiants sont inscrits dans 87 campus connectés.
Selon le ministère de l'Enseignement supérieur, 1.039 étudiants sont inscrits dans 87 campus connectés. (iStock)

Par Marie-Christine Corbier

Publié le 7 févr. 2023 à 10:00Mis à jour le 7 févr. 2023 à 13:58

Ils étaient « au coeur de [l']ambition territoriale » d'Emmanuel Macron dans le contexte du grand débat qui a suivi le mouvement des « gilets jaunes ». « Nous allons développer des campus connectés pour les études universitaires dans les villes moyennes », avait annoncé le chef de l'Etat en avril 2019. A Saint-Raphaël, Cahors, Bar-le-Duc ou Saint-Brieuc, ils devaient « reconnecter aux études supérieures des jeunes vivant loin des grands pôles universitaires ».

Près de quatre ans plus tard, la Cour des comptes pointe, dans un rapport publié ce mardi, le « succès mitigé » du dispositif et « parfois un coût par étudiant exorbitant ».

Ces lieux labellisés par le ministère de l'Enseignement supérieur, avec du matériel informatique et un encadrement par un coach ou un tuteur pour 10 étudiants, ont été initialement lancés dans 13 villes moyennes avec 172 étudiants, avant d'être étendus à 87 lieux pour 1.039 étudiants, avec des financements du programme d'investissement d'avenir. L'objectif gouvernemental était de porter l'effectif à 5.000 par an.

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Limité à un public particulier

Le dispositif a été « conçu comme un tremplin vers l'enseignement présentiel, [mais] rien ne permet aujourd'hui d'affirmer qu'il remplit son rôle, estime la Cour, d'autant plus que ces campus semblent essentiellement profiter à un public particulier (sportifs de haut niveau, publics en reprise d'étude ou souffrant de pathologies, etc.) ».

S'ils présentent « de l'intérêt pour le public empêché qui en a bénéficié », le niveau de financement est tel que, avec les mêmes sommes, le gouvernement aurait pu « toucher un public plus important », en finançant « d'autres dispositifs comme le tutorat à l'université ou l'accompagnement personnalisé vers l'enseignement supérieur », soulignent les magistrats.

100.000 euros par an et par campus

La Cour a estimé le coût à 100.000 euros annuels par campus. Leur situation est « extrêmement hétérogène » mais, globalement, les effectifs y sont jugés trop « faibles ». « Parmi les 52 campus ouverts en 2021, 24 accueillent 5 étudiants ou moins, et seulement 10 ont des effectifs supérieurs à 10 étudiants », lit-on dans le rapport.

De fait, le coût moyen du dispositif par étudiant peut être estimé à 8.754 euros par an, mais il est « largement diminué par les quelques campus ayant atteint une taille satisfaisante ». « Pour tous les campus qui accueillent en moyenne 5 étudiants, le coût annuel estimé pour un inscrit dépasse les 13.000 euros », écrivent les magistrats. A titre de comparaison, le coût moyen d'une licence est de 3.700 euros et celui d'un étudiant en classe préparatoire, de 13.400 euros, avait calculé le Conseil d'analyse économique il y a quelques mois.

Un bilan à partir de cette année

Dans sa réponse écrite à la Cour, la ministre Sylvie Retailleau promet une évaluation à partir de cette année, sous la responsabilité de la Caisse des Dépôts. Elle « permettra d'affiner le coût de l'accompagnement par étudiant », promet-elle. De quoi alors « poursuivre le financement et la labellisation », « si nécessaire ». Le ministère justifie toutefois la faiblesse des effectifs de certains campus par le fait que le dispositif soit encore « en phase expérimentale ».

En attendant, les problèmes de fond demeurent. Le taux de diplômés du supérieur « diminue à mesure que l'on s'éloigne des grandes villes », rappelle la Cour. Et « l'origine sociale reste la cause principale des inégalités d'accès à l'enseignement supérieur ». Parmi les jeunes de 20 à 24 ans, 77 % des enfants de cadres, de professions intermédiaires ou d'indépendants étudient ou ont étudié dans le supérieur, contre 52 % des enfants d'ouvriers ou d'employés, soit 1,5 fois plus.

Marie-Christine Corbier

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