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Santé
AUGMENTER LE NOMBRE DE PRATICIENS

Face à la pénurie de médecins, ouvrir franchement le numerus clausus

SERIE Sauver le système de santé (4/6) - La fin du numerus clausus à l'entrée des études de médecine ne règle pas tout. L'offre de stages pratiques, qui démarrent en deuxième année, est un enjeu majeur.

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Examen d'entrée en 1re année de médecine, à Marseille. En 2020, la France a formé à peine 1.000 médecins de plus que dans les années 1970, quand elle comptait 15 millions d'habitants de moins.

A -C. Poujoulat/AFP
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Face à la pénurie de médecins, ouvrir franchement le numerus clausus
Thiébault Dromard
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Ce devait être le remède miracle à la pénurie de médecins. En supprimant en 2020 le numerus clausus qui plafonnait jusque-là les places d'étudiants en médecine, le gouvernement promettait d'ouvrir enfin les vannes de la formation pour combler le manque criant de praticiens. Las, le numerus clausus a aussitôt été remplacé par un numerus apertus qui limite toujours le nombre de places en deuxième année. Ce sont désormais les agences régionales de santé (ARS) qui définissent localement les besoins et déterminent avec les universités le quota annuel d'étudiants.

Avec tout de même une inflexion à la hausse qui confirme la tendance observée ces dernières années. "J'ai accepté 230 étudiants en 2e année en juin dernier pour 1.200 candidats à l'examen, note Nicolas Lerolle, doyen de l'Université d'Angers et coordinateur national de la réforme des études de santé. Alors que je n'en avais retenu que 150 en 2017 et une vingtaine en 1990." Au total, la France a formé près de 9.400 jeunes médecins en 2020, soit à peine 1.000 de plus qu'au milieu des années 1970 lorsque la population française comptait 15 millions d'habitants de moins.

Sortir des CHU

Alors, comment former davantage de médecins? La question préoccupe tous les directeurs d'ARS qui savent que les besoins médicaux pourraient s'accélérer avec le vieillissement de la population et le départ en retraite des praticiens. Actuellement, un généraliste sur trois a plus de 60 ans. "Avec les progrès de l'enseignement à distance, nous avons déjà levé une énorme contrainte de locaux disponibles", relate Nicolas Lerolle. Plus besoin de bourrer les amphis de première année de médecine, l'essentiel de la formation se déroule devant les ordinateurs. Le sujet est plus compliqué pour les stages pratiques qui démarrent dès la 2e année et occupent la moitié du temps des étudiants en 4e année. "Difficile de rentrer à vingt-cinq étudiants dans la chambre d'un patient", fait remarquer Loïc Josseran, doyen de l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Des solutions émergent. "Le CHU ne peut plus être le seul référent en matière de formation universitaire", avance Benoît Elleboode, directeur général de l'ARS de Nouvelle-Aquitaine qui développe les stages dans les plus petits hôpitaux de Périgueux ou d'Agen. "Cela permet aussi que les étudiants découvrent le métier dans des territoires plus reculés, ajoute-t-il, et cela peut leur donner envie d'y retourner comme praticiens plutôt que tous se concentrent dans les grandes agglomérations." A Angers, 30% des stages se font désormais en dehors du CHU, au Mans ou à Cholet.

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Ultime étape: trouver des tuteurs de stage, ces médecins enseignants qui acceptent de passer moins de temps devant leurs patients. C'est le point le plus délicat. La faculté d'Angers a aujourd'hui le même nombre d'enseignants que dans les années 1990, alors que le nombre d'étudiants a été multiplié par quatre… "Il y a un manque d'attractivité des postes de professeurs des universités-praticiens hospitalier, une double fonction qui n'est reconnue que pour sa partie universitaire lors du calcul des droits de retraite", pointe Nicolas Lerolle. Pas évident non plus de faire le poids face aux carrières dans le privé où certaines spécialités peuvent être très rémunératrices. A Caen, Tour, Amiens ou encore Lille, les communes mettent la main à la poche. "J'ai réussi à faire financer par des collectivités locales angevines des postes de tuteurs qui encadrent nos étudiants", confirme Nicolas Lerolle. Une expérience qui pourrait faire tache d'huile.

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