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Loïc Lachenal, directeur de l’Opéra de Rouen : « Les opéras vont connaître une hécatombe, à bas bruit »

Le vice-président du syndicat professionnel Les Forces musicales fait le point sur la crise structurelle qui guette les maisons d’art lyrique. Il assure que 26 productions d’opéras sont déjà annulées et plus de 120 représentations déprogrammées.

Propos recueillis par 

Publié le 15 février 2023 à 06h00, modifié le 22 février 2023 à 11h44

Temps de Lecture 4 min.

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Loïc Lachenal à l’Opéra de Rouen, en octobre 2017.

Mercredi 18 janvier, l’Opéra national du Rhin prévenait son public qu’il réduisait à une unique représentation Le Conte du tsar Saltan, de Rimski-Korsakov, à la place des deux qui étaient prévues à Mulhouse, et que la mise en scène serait remplacée par une version de concert. Jeudi 2 février, c’était au tour de l’Opéra de Rouen d’annoncer une fermeture de cinq semaines (du 1er avril au 7 mai), entraînant l’annulation de plusieurs concerts et productions, dont la création française de The Convert, de Wim Henderickx. Le lendemain, Montpellier lui emboîtait le pas : pour des raisons budgétaires, la scène lyrique décidait de remplacer la production des Scènes de Faust, de Schumann, par un « simple » Requiem de Verdi.

Inflation galopante, nouveaux coûts liés aux tarifs de l’énergie, des transports et des matériaux, baisse des subventions, revalorisation du point d’indice des fonctionnaires, fréquentation qui n’a pas retrouvé son niveau de 2019 : les maisons d’art lyrique alertent sur une conjoncture qui menace désormais leur fonctionnement. Un constat fait par Loïc Lachenal, directeur de l’Opéra de Rouen et vice-président du syndicat professionnel Les Forces musicales, qui rassemble opéras, orchestres et festivals.

Quel est l’état des lieux aujourd’hui dans les opéras de France ?

Dès la fin de l’été 2021, les missions lancées par le ministère de la culture sur l’opéra, et sur les orchestres, pointaient une situation dégradée et un danger de déséquilibre qui s’est encore accentué depuis la reprise post-Covid dans le contexte inflationniste que l’on sait. Un rendez-vous a été pris auprès de la ministre dès septembre 2022, suivi d’une série d’alertes, durant deux mois, sur des situations circonstanciées devenues périlleuses. Silence radio.

Toujours sans réponse en fin d’année, nous nous sommes résolus à envoyer une tribune au Monde, laquelle a été publiée le 19 décembre. D’autres avertissements ont été portés avec nos partenaires du secteur public (Syndeac), l’Association française des orchestres et la Réunion des opéras de France.

Dans cette tribune, vous évoquiez 90 % des établissements culturels contraints de réduire, voire de suspendre, leurs activités. Où en sommes-nous, deux mois plus tard ?

Notre observatoire rapporte que 77 % de nos adhérents ont des problèmes pour équilibrer leur budget en cours, certains attendant même encore qu’il soit voté ! Si on peut comprendre qu’il y ait un peu de casse cette année, il ne faut pas que les digues morales sautent au nom du contexte. C’est surtout à la saison prochaine que les opéras vont connaître une hécatombe – à bas bruit, puisque le public n’en sera pas informé : ce sont d’ores et déjà vingt-six productions d’opéras annulées, le gel d’une trentaine de postes de musiciens (l’équivalent d’un orchestre de chambre) et plus de cent vingt représentations déprogrammées, l’équivalent de la saison de deux structures. On peut logiquement en déduire que plus de cent mille spectateurs seront « perdus ».

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