Les chiffres étaient connus depuis décembre. L’école primaire et, dans une moindre mesure, l’enseignement secondaire perdent des élèves à la rentrée prochaine : toutes académies confondues, 63 700 enfants de moins en septembre 2023 dans les écoles et 840 adolescents de moins dans les collèges et lycées. Cette baisse des effectifs, liée à des variations démographiques, se traduit par 1 500 suppressions de postes d’enseignement, qui se matérialisent différemment dans le premier et dans le second degré. A l’école, ce sont des fermetures de classes décidées à l’échelle départementale. Au collège et au lycée, les enveloppes d’heures données à chaque établissement (on parle de « dotation horaire globale ») s’en trouvent amoindries.
Depuis la fin janvier, les parents d’élèves et les enseignants concernés se mobilisent. En mettant en avant la spécificité de leur territoire : en zone urbaine, la « casse » de l’éducation prioritaire est dénoncée, certains collèges perdant des heures malgré l’accueil d’un public toujours aussi fragile. Dans les écoles en ville, on regrette la surcharge des classes. En zone rurale, on craint le regroupement de niveaux plus nombreux à la charge du même enseignant. La mobilisation est forte dans les écoles, épargnées pendant de nombreuses années par les suppressions de postes du fait de la « priorité au primaire » décidée par le précédent ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer.
Toutes les régions ne sont pas touchées de la même manière. Paris, où la baisse des effectifs est plus marquée qu’ailleurs et le taux d’encadrement meilleur, est l’académie qui voit le plus baisser ses moyens. Mais la Bretagne et Lille ne sont pas en reste, avec respectivement 60 et 150 postes en moins dans le premier degré, et 30 et 160 dans le second.
« Maintenant ils sont 58 »
L’académie de Lille perdra environ 7 000 élèves d’école primaire à la rentrée prochaine. « La baisse démographique est incontestable, et dans plusieurs endroits, les fermetures de classes paraissent assez logiques, reconnaît Alain Talleu, professeur des écoles responsable du SNUipp-FSU du département du Nord. Mais ces suppressions de postes ne prennent pas en compte les difficultés du quotidien, notamment en termes de remplacements. Le 6 février, dans le département, 259 classes avaient un enseignant absent non remplacé. Pourquoi ne pas profiter de la baisse démographique pour combler ces manques ? »
Dans les territoires concernés – tout comme à Paris –, parents et enseignants réfutent ce discours avancé par les services académiques, en écho à l’administration centrale de l’éducation nationale, qui consiste à justifier les suppressions de postes par la baisse démographique et par des « rééquilibrages » au profit d’autres régions moins bien dotées. Au contraire, argue-t-on, le fléchissement des effectifs devrait être l’occasion d’améliorer le système, sans prendre aux uns pour donner aux autres. En renflouant les équipes de remplaçants, par exemple, et en faisant baisser le nombre d’enfants par classe, le plus élevé d’Europe – 22 en moyenne en primaire, contre 19 dans les pays européens.
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