La rédaction m’avait prévenue : « si Pascaline Lepeltier gagne cette compétition, tu écris un papier dans la foulée, on te réserve une place dans l’édition du lendemain. » Inutile de laisser planer un suspens périmé : sur les 68 aspirants venus du monde entier, la candidate française s’est classée quatrième du concours du meilleur sommelier du monde 2023. L’annonce de cette place, au pied du podium, a suscité une vague de lamentations dans le stade de Paris La Défense Arena (Nanterre), où 4 000 spectateurs étaient réunis pour l’événement. Elle a été suivie d’une intense salve d’applaudissements en direction de la sommelière, pour la consoler, la remercier et, il faut bien l’admettre, nous remonter le moral.
Pascaline Lepeltier, c’était notre espoir, notre coqueluche, notre Lionel Messi à nous, les Français, amoureux du vin. L’attente était gigantesque. Car la dernière fois que la France a remporté ce concours, c’était en 2000 (avec Olivier Poussier). Car la dernière fois que ce concours s’est tenu en France, c’était en 1989. Parce que nous en rêvions tous, de sa victoire, fierté chauvine exacerbée. Parce que Pascaline Lepeltier est la sommelière la plus intelligente et charismatique de sa génération, parce qu’elle en incarne une nouvelle vision, parce que l’admiration et la tendresse qu’elle suscite sont unanimes, parce que nous l’aimons tout simplement, et ce stupide classement n’y changera rien.
Tandis que la finale se jouait, dimanche 12 février, entre les trois derniers candidats en lice venus de Chine, du Danemark et de Lettonie, je reçus un nouveau message de mon chef : « Si la Danoise gagne, tu fais quand même un article à publier demain. » Las, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Face à Reeze Choi et Nina Jensen, c’est le candidat letton Raimonds Tomsons qui a été couronné. Damned ! encore un homme. Mais qui méritait sa victoire, tout en maîtrise, élégance et vivacité intellectuelle. Le sommelier de 41 ans, à la silhouette élancée et au sourire contagieux, n’est pas un perdreau de l’année. Son palmarès en compétition est éloquent : trois fois sacré meilleur sommelier de Lettonie, trois fois meilleur sommelier des pays Baltes, meilleur sommelier d’Europe en 2017, il s’était classé troisième lors du précédent concours mondial, en 2019.
Tests de connaissances et dégustation à l’aveugle
J’entends que ce type de championnat peut susciter l’incompréhension, des remarques perfides du genre : « A part savoir déboucher la bouteille commandée par le client, que peut-on demander à un sommelier ? » Pour vous donner un aperçu des compétences et du savoir nécessaires, voici ce qu’on leur a demandé cette année. En prérequis il faut, bien sûr, être sommelier. Généralement élu meilleur sommelier dans son pays d’origine. Et s’exprimer parfaitement dans une langue étrangère, obligatoire lors des épreuves orales du concours.
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