"Le vivier des jeunes susceptibles de travailler pour la fonction publique est important"

30% des jeunes arrivés en 2017 sur le marché du travail se voyaient, en 2020, exercer plus tard un emploi public. C'est ce qui ressort d'une étude de la direction générale de l'administration et de la fonction publique (DGAFP) sur "la perception qu’ont les jeunes de la fonction publique". L’enquête révèle aussi la nécessité d’une meilleure information sur les carrières publiques.

En 2020, 45% des jeunes sortis de formation initiale trois ans plus tôt avaient "un lien, même ténu, avec l’emploi public". 11% travaillaient dans la fonction publique (60% en tant que contractuels et 40% comme fonctionnaires), tandis que 9% y avaient effectué un passage avant de la quitter. Enfin, 13% avaient tenté d'intégrer la fonction publique, sans succès, et 12% envisageaient d'y entrer "dans l’avenir", mais n’avaient pas encore essayé de le faire. "Dans une génération, le vivier, au sens large, des jeunes susceptibles de travailler pour la fonction publique est important", souligne la DGAFP, qui s’est associée à une vaste enquête du Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq). Parmi ces jeunes, près des deux tiers (30% sur 45%) avaient "un sentiment positif de leur avenir dans l’emploi public". Autrement dit, ceux-ci se voyaient exercer plus tard un emploi public. Le résultat est instructif à l’heure où démarre la concertation sur l’attractivité voulue par le ministre en charge de la fonction publique, Stanislas Guerini.

"Manque de perspectives"

Quelles sont les motivations avancées par les jeunes qui travaillent ou ont travaillé dans la fonction publique et ceux qui ont tenté d’y entrer ? Principalement "l'intérêt du métier exercé", l’existence d’"une opportunité d'emploi" et "le désir de servir l'intérêt général". La "sécurité de l'emploi" n'est mentionnée qu’après, sauf chez les jeunes qui n’ont jamais travaillé dans la fonction publique et qui ont cependant tenté de l’intégrer. 68% de ceux-ci mettent en avant la sécurité de l’emploi parmi les motivations pour travailler dans la fonction publique.

Il reste que, parmi les jeunes ayant un emploi dans la fonction publique, 20% déclaraient souhaiter quitter celle-ci "dans les prochaines années". 30% d’entre eux étaient fonctionnaires, 10% étaient en CDI et 60% étaient en CDD. Les raisons principales de leur démotivation étaient : le "manque de perspectives salariales ou professionnelles" (pour 33%), l'envie de "changer de métier" (pour 25%) et "les conditions de travail" (pour 22%).

"Déterminants culturels et familiaux"

11% des jeunes de la génération étudiée avaient, à la sortie de leurs études et dans leurs démarches de recherche d’emploi, une préférence pour le secteur public. "L’attrait pour la fonction publique (ou l’inverse) semble se former assez tôt, possiblement avant même l’orientation", font remarquer les auteurs de l'étude (à télécharger ci-dessous). Pour eux, l’accès à l’emploi public "serait lié à des déterminants culturels et familiaux". Ils observent que les jeunes agents publics ont plus fréquemment un parent fonctionnaire que les jeunes dans leur ensemble (43% contre 33%). Et qu'à l'inverse, ils ont plus rarement un parent de nationalité étrangère (c'est le cas de 7% d'entre eux, contre 12% chez les jeunes de l’ensemble de la génération). Par ailleurs, les jeunes travaillant dans la fonction publique sont plus souvent des femmes (63%) et des diplômés de l’enseignement supérieur (61% ont un diplôme de niveau bac +2 ou plus, contre 47% de la génération).

L’étude met aussi en lumière les importants progrès à accomplir en matière d'information et de recrutement dans le domaine de l’emploi public. En effet, parmi les jeunes qui n'ont jamais travaillé dans la fonction publique et qui envisagent de l’intégrer dans l'avenir, 63% se disent mal informés sur "les opportunités de carrière" et 57% trouvent "les conditions de candidature trop compliquées". En revanche, seuls 34% de ces jeunes jugent les conditions de travail et de salaire du secteur public "peu attractives". Un résultat attestant que la fonction publique a encore de réelles chances de séduire une partie des jeunes.