Une proposition de loi pour rapprocher les jeunes ruraux des lycées d'enseignement général

Pour lutter contre l'autocensure des jeunes ruraux en matière d'orientation scolaire, une proposition de loi vise à limiter à quarante‑cinq minutes la durée de trajet en transports en commun entre les lycées d’enseignement général et les communes de résidence des élèves.

Et si la durée de trajet en transports en commun entre les lycées d'enseignement général et les communes de résidence des élèves était limitée à quarante-cinq minutes ? C'est le sens de la proposition parlementaire de loi (PPL) du député RN de l'Oise Philippe Ballard, déposée le 14 février dernier. Depuis plusieurs années, rapports et colloques se succèdent pour mettre en avant l'autocensure des jeunes ruraux dans leur orientation scolaire. Si des facteurs culturels expliquent cette autocensure, l'éloignement des établissements est une autre explication.

Dans l'exposé des motifs de sa PPL, Philippe Ballard souligne qu'"aujourd’hui dans beaucoup de territoires, les choix après le collège sont déterminés non pas par les capacités ou les vœux des élèves, mais par les conditions d’accès à l’enseignement secondaire et le temps passé pour s’y rendre", estimant que "bien trop souvent des orientations sont choisies par défaut". L'élu Rassemblement national estime donc qu'"être éloigné des lycées d’enseignement général accroît les risques de quitter précocement le système éducatif conduisant aux études supérieures" et que "la réforme récente du baccalauréat a encore plus fragilisé l’avenir des élèves vivant dans la ruralité ayant encore moins accès aux filières d’enseignement général de leur choix". Dans les faits, les jeunes ruraux suivraient plus fréquemment que leurs homologues urbains un cursus de type BTS, DUT ou professionnel dans les lycées et centres de formation par apprentissage car ces derniers sont mieux répartis sur le territoire que les lycées d'enseignement général.

Un but, plusieurs pistes

La PPL vise donc à prendre en compte prioritairement le calcul des temps de transport dans les zones concernées et à faire en sorte que plus aucun lycéen de l’enseignement général ne subisse plus de quarante-cinq minutes de temps de transport matin et soir. Pour parvenir à ce résultat, Philippe Ballard propose différentes pistes : construction de lycées d’enseignement général afin de rééquilibrer une répartition jugée "inégalitaire" sur le territoire, ouverture de nouvelles classes là où des lycées existent mais n'ont pas une capacité d'accueil suffisante, modification des transports régionaux afin de raccourcir les temps de trajets, ou instauration d'une concertation interacadémique obligatoire pour faciliter l'accès des élèves à des établissements situés près de chez eux mais en dehors du ressort de leur académie de rattachement.

Dans l'esprit de son promoteur, si cette PPL impose "un critère nouveau pour les choix et les décisions d’investissements dans le cadre d’un budget déjà existant, actuellement laissés au seul arbitrage politique des régions", elle "respecte la stabilité du budget alloué aux dépenses des régions en faveur des lycées". Elle a été renvoyée à la commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale.