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« La fermeture des opéras n’est pas inéluctable »

La crise que traversent les maisons d’art lyrique, dont certaines vont jusqu’à suspendre leur activité, n’est pas seulement conjoncturelle. Leur modèle économique est obsolète et inadapté aux défis actuels, estime Thomas Dolié, chanteur lyrique dans une tribune au « Monde ».

Publié le 19 février 2023 à 16h00, modifié le 22 février 2023 à 11h40 Temps de Lecture 3 min.

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Le 19 décembre 2022, un collectif d’élus locaux associé au syndicat Les Forces musicales signaient dans Le Monde une tribune alarmante. « 89 % de nos maisons s’apprêtent à suspendre leur activité, à couper une partie de leur programmation dès 2023. Certaines (…) pour des mois. » En cause, l’inflation des prix de l’énergie qui ruine les collectivités territoriales. Ces élus en appellent donc à l’Etat et à sa capacité à s’endetter pour assumer la hausse des subventions indispensable. Ils alertent la ministre de la culture : « Sans un réveil immédiat du ministère, nos maisons ne pourront que réduire leur activité ou fermer leurs portes ponctuellement. »

S’il ne fait aucun doute qu’une aide importante de l’Etat serait bienvenue, nous ne saurions en rester là. La situation critique des opéras et orchestres, la forte baisse du nombre de représentations, la chute de l’emploi artistique, les difficultés à élargir le public ne datent pas de la guerre en Ukraine ou du Covid-19. Certains s’inquiètent depuis longtemps des conséquences prévisibles d’un modèle économique obsolète et de pratiques inadaptées aux défis actuels.

La situation actuelle ne devrait surprendre personne. La fermeture des opéras est en réalité inscrite dans la logique de leur organisation. En effet, contrairement aux autres formes de spectacle vivant, l’opéra est organisé de telle sorte que la durée de vie des spectacles ne dépend pas de la demande du public. Une représentation coûte bien plus cher que les recettes de billetterie d’une salle pleine. Les subventions viennent combler ce déficit. On joue donc tant qu’on peut payer et non tant qu’il y a du public.

Les opéras sont des géants dont l’activité est structurellement limitée, car directement corrélée au niveau des subventions. Seule leur hausse permettrait un véritable élargissement du public. Or, ce sont déjà les premiers postes de dépenses culturelles des villes. De plus, en raison de coûts de fonctionnement importants, la moindre baisse de subventions a des effets disproportionnés sur la programmation, seule variable d’ajustement. La flambée des factures d’énergie accentue le problème jusqu’à envisager des fermetures temporaires, poussant les théâtres à se tourner vers l’Etat.

Alimenter un modèle imparfait

Mais est-ce la solution ? Un modèle aussi limitant, aussi dépendant de la hausse des subventions est-il viable dans une conjoncture de crise permanente (économique, sanitaire, géopolitique, climatique…) ? Quand la crise climatique réclame des investissements massifs, quand nos concitoyens comptent chaque euro pour se chauffer ou se nourrir, quand les services publics craquent, est-il raisonnable, osons le mot, est-il décent de réclamer toujours plus d’argent public pour l’opéra, un art certes merveilleux, mais à l’accès structurellement restreint et aux tarifs souvent prohibitifs ?

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