Anne de Guigné: «En France, l’ascenseur social fonctionne encore»
CHRONIQUE - Chaque année, des bataillons de jeunes traversent les strates sociales, dans un sens ascendant ou d’ailleurs descendant.
«Transclasse», ce terme savant, né sous la plume de la philosophe Chantal Jaquet, a émergé ces dernières années pour désigner un phénomène aussi vieux que le monde: des personnes ayant évolué au cours de leur vie d’un milieu social à un autre. L’attribution du dernier prix Nobel de littérature à Annie Ernaux, fille d’épciers normands, qui se définit elle-même comme une «transfuge de classe», a institutionnalisé le concept. Dans une perspective marxiste ou bourdieusienne, abandonner un milieu opprimé pour se faire une place au soleil bourgeois est pourtant synonyme de haute trahison.
Les transclasses se préservent d’une telle accusation par la (longue) description de leurs souffrances: méprisés de tous, ils errent dans le monde, ployant sous le poids de leur talent. Le narratif est connu: Stendhal démontrait déjà avec Julien Sorel que naviguer entre deux eaux n’est pas de tout repos. Dans son dernier essai (1), fondé sur sa propre expérience d’enfant d’une cité nancéenne devenu influent professeur…
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