La guerre en Ukraine n’a pas eu d’effet catastrophique sur le tissu économique français, loin s’en faut. Les conclusions du rapport « L’emploi et l’investissement en 2022 en France », publié jeudi 2 mars par Trendeo, sont rassurantes, y compris pour le secteur industriel, qui a amorcé un lent redressement à partir de 2016. Le cabinet, qui suit en temps réel l’évolution et la répartition des industries sur le territoire, indique que l’évolution de ce secteur reste « positive ». Dans l’ensemble, « la crise de 2020 a été bien surmontée, mieux qu’en 2009 », grâce à un effort financier de l’Etat sans précédent.
Si le rythme de 2022 se poursuit, avancent les analystes, « nous pourrions récupérer en quatre ans les pertes de sites industriels accumulées depuis 2009 », qui avaient marqué le début d’une nouvelle saignée post-crise financière. A condition que les pouvoirs publics poursuivent leur aide aux filières émergentes (batteries, hydrogène…), ce que font les Etats-Unis avec l’Inflation Reduction Act doté de 430 milliards de dollars (403 milliards d’euros), dont 80 % iront aux industries réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre.
« Un soutien reste nécessaire si l’on veut poursuivre la réindustrialisation de notre économie », où le secteur manufacturier ne pèse plus que 11 % dans le produit intérieur brut, prévient David Cousquer, gérant de Trendeo. Mais il faut, selon lui, « cibler l’effort » sur certains secteurs afin de ne pas creuser la dette et, finalement, compromettre le début de renaissance industrielle. Outre le plan France 2030 en faveur des secteurs innovants, le gouvernement poursuit, en 2023, sa politique de baisse des impôts de production, avec la suppression programmée de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises.
80 nouveaux sites
Après 123 créations nettes en 2021, Trendeo a répertorié 80 nouveaux sites industriels en 2022, ce qui permet de faire redescendre les pertes cumulées depuis la terrible année 2009 à 343 (contre 610 en 2015). Ce chiffre est modeste, rapporté aux 260 000 entreprises industrielles et à leurs implantations, plus nombreuses. S’il y a eu moins d’ouvertures qu’un an auparavant, plus d’emplois industriels ont été créés, notamment par une remontée du nombre de postes par usine. Les nouvelles usines représentent une création sur cinq, les extensions de sites font le reste.
Avec 7,5 milliards d’euros, le secteur électronique-informatique a joué un rôle important en 2022, notamment le fabricant de microprocesseurs STMicroelectronics (microprocesseurs) et Verkor (batteries automobiles), qui ont lancé de grands investissements. La production et la distribution d’électricité et de gaz (+ 1,8 milliard) et l’industrie chimique (+ 694 millions) ont fortement progressé. Au total, 13 milliards ont été injectés dans les usines, presque trois fois plus que l’année précédente.
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