C’était l’une des pierres angulaires de la réforme du lycée et du baccalauréat, mise en œuvre juste après l’introduction de Parcoursup : avec la disparition des filières S, ES et L au profit des douze « enseignements de spécialité » au choix, l’orientation devait être renforcée pour aider les élèves à construire leur parcours, que la réforme voulait davantage « personnalisé ». Une nécessité au regard de l’éventail des perspectives offertes aux élèves : les possibilités de combinaisons de spécialités dans la filière générale se comptent par dizaines et sont autant de voies vers les plus de 20 000 formations recensées par la plate-forme Parcoursup, sur laquelle les terminales doivent avoir formulé leurs vœux pour le jeudi 9 mars.
Pour aider les élèves à se frayer un chemin dans ce maquis, puis à choisir, en terminale, leur filière pour les études supérieures, cinquante-quatre heures annuelles consacrées à l’orientation pour chaque élève de tous les niveaux figuraient d’ailleurs sur toutes les plaquettes distribuées par le ministère après la présentation de la nouvelle architecture du lycée, début 2018. Cinq ans plus tard, sur le terrain, chacun constate cependant que les moyens n’ont pas suivi.
Les psychologues de l’éducation nationale (Psy-EN) sont trop peu nombreux au regard des besoins. Quelque 4 700 psy-EN sont en poste dans le second degré, chargés à la fois de l’orientation des collégiens et des lycéens, en plus de leurs compétences sur le « bien-être », comme l’explique Sylvie Amici, présidente de l’Association des psychologues et de psychologie dans l’éducation nationale. Chaque psy-EN « tourne » sur plusieurs établissements, mais « beaucoup ne sont pas couverts, parce qu’il manque du monde », assure-t-elle : « Avec les effectifs qu’on a, il est difficile de suivre les jeunes en individuel. On fait de notre mieux pour organiser des réunions avec les parents, où on redonne les grands points de repère, et pour rester en lien avec les enseignants ensuite. »
« Bien anticiper »
C’est donc aux professeurs, et notamment aux professeurs principaux, que revient l’essentiel du suivi des élèves, un travail prenant pour lequel ils ne disposent que de peu – voire pas – de temps spécifique. Les cinquante-quatre heures annoncées, « c’est un mythe », balaye Jérôme Fournier, secrétaire national du SE-UNSA. Elles n’ont jamais été financées en tant que telles par le ministère de l’éducation nationale. La mise en place de temps consacré à l’orientation dans les emplois du temps des élèves – et des enseignants – dépend des possibilités de chaque lycée, obligé de faire des arbitrages entre l’orientation et la mise en place d’options, ou encore de demi-groupes. Il n’en existe ainsi pas dans tous les établissements, ou pour tous les niveaux.
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