Des rues proprettes, des immeubles flambant neufs, des boutiques assez chics… Bienvenue à Cœur de Ville, le nouvel écoquartier d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Un « morceau de ville » sur une ancienne friche tertiaire, où se côtoient logements sociaux et résidentiels, 40 000 mètres carrés de bureaux, une trentaine de commerces, un cinéma et une crèche. Avec une particularité : un chauffage qui capte la chaleur de la terre. « Plus de 73 % du chauffage est renouvelable grâce à la géothermie », précise Christelle Rougebief, directrice Engie Solutions Ile-de-France, qui a mené les travaux lors de la réhabilitation du lieu. « C’est possible grâce à la proximité de la Seine et aux nappes phréatiques du Bassin parisien. »
Ici, il n’y a ni volcans ni geysers. Le réseau de cette banlieue se cache au deuxième sous-sol d’un parking. Là, deux puits pompent l’eau des nappes phréatiques, à 35 mètres de profondeur, pour la réinjecter dans deux autres puits et alimenter le système de chaleur du quartier. Un étage plus haut se trouve le petit local de production, véritable entrelacs de tuyaux. « Ces pompes thermoréfrigérantes captent les calories de l’eau, comme une pompe à chaleur. Elles peuvent à la fois en faire du chaud comme du froid. C’est l’avantage ici, car c’est réversible », explique la responsable.
En plein essor dans les années 1970, notamment en Ile-de-France, la géothermie a connu un coup d’arrêt à la suite de l’effondrement des cours pétroliers dès les années 1980. Alors que des pays comme la Suisse, la Suède ou l’Allemagne s’en sont davantage emparés, la France, elle, ne s’y est guère intéressée, de sorte que la géothermie ne représente aujourd’hui que 1 % de sa consommation de chaleur.
Revoir les objectifs de production
« En théorie, le potentiel est immense, souligne un conseiller au ministère de la transition énergétique. Au total, 90 % du territoire pourraient avoir recours à la géothermie de surface, les particuliers dans leur jardin ou au pied des immeubles, par exemple ». De même, selon lui, la France dispose de nombreux aquifères profonds qu’il est, du fait de la crise climatique et énergétique, plus que jamais nécessaire d’explorer. Notamment en Aquitaine, en région PACA et dans les Hauts-de-France.
D’où le lancement, le 2 février, d’un plan gouvernemental visant à accélérer aussi cette source d’énergie. Objectifs : augmenter de 40 % le nombre de projets de géothermie profonde lancés d’ici à 2030, et doubler celui des installations de pompes à chaleur géothermique chez les particuliers avant 2025 (200 000 à ce jour).
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