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Le barrage de Livet sur la commune de Livet-et-Gavet (Isère) en amont la nouvelle centrale hydroélectrique souterraine de Gavet le 02-03-23. Au fond une partie du massif de l'Oisans faiblement enneigé.
PABLO CHIGNARD POUR « LE MONDE »

L’hydroélectricité sous la pression du changement climatique

Par  (Livet-et-Gavet (Isère), envoyé spécial)
Publié le 06 mars 2023 à 06h00, modifié le 06 mars 2023 à 18h31

Temps de Lecture 5 min.

Les roues en Inox, doublées de titane, vrombissent à 500 tours par minute. Samuel Villeneuve, le chef de l’usine électrique flambant neuve d’EDF à Gavet, sur la Romanche, en Isère, près de Grenoble, montre fièrement les deux énormes turbines installées dans une galerie creusée en profondeur dans la roche. L’eau glacée plonge de 280 mètres de hauteur, avec un débit de 41 mètres cubes par seconde, dans des conduites forcées et blindées. La pression (28 bars) entraîne la turbine et produit de l’électricité, ce miracle de la « houille blanche » qui a fait la fortune de vallées alpines depuis plus d’un siècle. A condition que l’eau continue de tomber du ciel, puis de couler, et que les sécheresses n’obligent pas les exploitants à ralentir leurs activités.

Outils de contrôle dans la salle des dissipateurs installée dans l’usine de Gavet, à Livet-et-Gavet (Isère), le 2 mars 2023.

L’année 2022 n’a pas été difficile uniquement pour le secteur nucléaire. Pour l’hydroélectrique, ce fut une annus horribilis, comme le résume la patronne d’une entreprise du secteur. Les barrages français ont produit 20 % d’électricité en moins, le plus mauvais résultat depuis 1976, année d’une sécheresse restée dans la mémoire collective. Les ouvrages édifiés dans les montagnes ont perdu 35 % de leur production à cause de réserves neigeuses désespérantes. Les centrales comme celle de Gavet, sur la Romanche, souvent installées en moyenne montagne, ont perdu 28 % de leur production d’énergie à l’échelle nationale. En cause, les températures élevées et les précipitations historiquement faibles.

Ce scénario alarme le secteur, d’autant que l’année 2023 ne se présente pas bien, avec des sols souvent secs, des nappes phréatiques peu remplies et des stocks de neige limités. « Des années comme 2022 vont revenir avec des fréquences plus élevées », note Denis Aelbrecht, président du Comité français des barrages et réservoirs (CFBR), une vieille institution du secteur. « Les études scientifiques montrent que le réchauffement pourrait provoquer des étiages plus sévères et des épisodes de précipitations plus sévères aussi », ajoute Jean-Paul Chabard, président de la Société hydrotechnique de France (SHF), une société savante depuis 1912.

Injonctions contradictoires

Les querelles de chapelle sur les avantages comparés du nucléaire, du solaire et des éoliennes éclipsent souvent l’énergie hydroélectrique, décarbonée, installée dans le paysage des montagnes et des fleuves depuis des décennies, parfois plus d’un siècle, à coups de barrages et de vallées inondées – des cimetières de biodiversité devenus des sites touristiques majeurs pour certains d’entre eux. Les enjeux sont pourtant importants. En volume d’électricité, d’abord : si l’éolien et le solaire se développent rapidement, ils sont encore loin d’avoir atteint les capacités de la production hydroélectrique. Ils présentent par ailleurs l’inconvénient d’être intermittents – en fonction du vent et du soleil – là où l’eau stockée derrière les ouvrages peut être turbinée à tout moment.

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