Le ministère de l’Enseignement supérieur bat en retraite. Après avoir annoncé un projet de réforme des prépas économiques et commerciales générales (ECG) en janvier 2023, la forte mobilisation des enseignants semble avoir eu raison du projet ministériel. Dans un communiqué adressé aux membres de l’Association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales (APHEC), le ministère a en effet annoncé la fin des travaux du comité de pilotage afin de «restaurer un dialogue serein» et «rassurer les professeurs».

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«C’est un immense soulagement, nous sommes satisfaits d’avoir enfin été entendus», se réjouit Yannick Nassoy, représentant du collectif grève ECG et membre de l’APHEC. Les actions à l’encontre de ce projet de réforme se sont multipliées ces derniers jours. Après avoir publié une lettre ouverte pour exiger son retrait, publié une tribune, lancé une pétition qui a obtenu plus de 5500 signatures, contacté députés et sénateurs, les enseignants qui s’opposent à ce nouveau projet souhaitaient frapper plus fort: une journée de grève, surnommée «prépas ECG mortes» était prévue dès le jeudi 16 mars. Une opposition qui a empêché «la nécessaire sérénité à la conduite des travaux sur un sujet aussi important et sensible», estime le communiqué du ministère.

C’est sûrement la menace d’une grève qui a poussé le ministère à suspendre le projet 

Yannick Nassoy, représentant du collectif grève ECG et membre de l’APHEC.

Concrètement, le gouvernement souhaitait relancer l’attractivité de cette filière (le nombre d’étudiants avait baissé de 4,5 % en 2022) en divisant par deux l’horaire de mathématiques, matière délaissée par les lycéens depuis la réforme du bac. Le projet devait aussi introduire des options différentes en première et en deuxième année ou encore en créant une option «mathématiques avancées» dans quelques grands établissements. Il était aussi envisagé de diminuer le volume horaire de l’enseignement de culture générale (lettres et philosophie). Un comité de pilotage avait donc été instauré afin d’aboutir à une réforme effective dès la rentrée 2024.

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«C’est sûrement la menace d’une grève qui a poussé le ministère à suspendre le projet», estime Yannick Nassoy. Pour cause, le collectif grève ECG estimait qu’environ 500 enseignants en prépas étaient susceptibles de suivre l’appel à la grève. Deux établissements en particulier devaient fermer une ou plusieurs de leurs filières le jeudi 16 mars: le lycée des Chartreux à Lyon et le lycée Masséna à Nice. «Il est plutôt inhabituel de voir des professeurs de classes préparatoires exprimer à ce point leur mécontentement. Cela prouve que nous pouvons encore nous faire entendre», poursuit Yannick Nassoy.

Le message adressé par le ministère ne parle pas d’une annulation définitive, mais bien d’une interruption. «En attendant que redeviennent possibles et pertinentes des discussions apaisées, nous évaluerons et tirerons les conséquences des situations des classes préparatoires au cas par cas», souligne le communiqué. Une référence à la chute drastique du nombre de candidat qui pourrait induire la fermeture de classes dès l’année prochaine. Préoccupation partagée par l’APHEC: «Nous devons désormais nous mobiliser pour faire la promotion de cette filière et tout faire pour éviter les fermetures», conclut Yannick Nassoy.