L’Afpa poursuit son redressement dans un contexte de fortes turbulences

La directrice générale de l’Afpa, Pascale d’Artois, était auditionnée le 8 mars dernier par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. L’occasion de dresser le bilan d’une séquence inaugurée en 2017 avec la transformation en Epic de cette association dédiée à la formation professionnelle des adultes.

Envisagée dans l'immédiat Après-Guerre comme l'opérateur unique de l'État pour la formation des adultes, l'Afpa a traversé ces vingt dernières années de fortes turbulences en tentant, tant bien que mal, de s'adapter "au nouveau paysage de la formation professionnelle". Un paysage marqué par la décentralisation de la compétence formation aux régions autant que par l'ouverture à la concurrence du secteur. "Faute d'une vision stratégique claire et en raison de plans successifs qui n'ont pas été mis en œuvre (...) l'Afpa n'a pas pu, n'a pas su opérer sa transition", reconnaît Pascale d'Artois qui a pris la direction de l'Agence au tournant de 2017. De là est né un déficit structurel qui aura un temps menacé jusqu'à son existence même.
Après la transformation de l'association en Epic, une nouvelle étape a été engagée en 2020 avec la concrétisation d'un plan d'objectifs et de performance sur trois ans qui a permis le renouvellement d'une offre davantage en phase avec les besoins des individus, des entreprises et plus largement des territoires. Un plan articulé autour de cinq grandes orientations défendues par Pascale d'Artois : la modernisation des outils de production (les plateaux techniques) ; le passage d'une offre "catalogue" à des solutions personnalisées ; la transformation des centres Afpa en "Villages des solutions" ; le renouvellement du contrat social en interne, d'autant plus nécessaire qu'un PSE d'ampleur était engagé avec plus de 1.000 départs à la clé ; et le souci de viser "la performance pour assainir la situation financière". Une stratégie, justifie la directrice générale de l'Afpa, placée sous le signe de l'innovation : sur le plan pédagogique, en matière de captation des publics les plus éloignés de l'emploi, mais aussi "en termes d'ingénierie des compétences pour répondre aux défis écologiques, techniques et numériques". Des choix qui ont porté leurs fruits, estime Pascale d'Artois et qui doivent désormais servir de base au prochain contrat d'objectif 2024-2027 en cours d'élaboration.

"La plus-value de la formation se trouve dans la qualité de son encadrement"

En 2022, l'Afpa a ainsi formé 95.000 personnes sur près de 25 métiers, dont 74% ont accédé à un emploi durable. Signe que "l'Afpa est parfaitement alignée avec les enjeux auxquels notre pays est confronté", tant sur l'accompagnement des transitions que sur la préparation aux métiers de demain, ou encore les parcours à la carte. Néanmoins, ce redressement n'est pas linéaire, reconnaît la directrice générale. Revenue à l'équilibre en 2021, l'Agence subit aujourd'hui les conséquences d'un double phénomène : la baisse du taux de chômage en France et l'explosion des coûts de l'énergie qui pèse lourdement sur ses comptes d'exploitation. "Depuis 2021, nous faisons face à la tension du marché du travail et à une pénurie de candidats qui privilégient l'emploi plutôt que la formation", ce qui oblige l'Agence à s'adresser à des publics de plus en plus éloignés de l'emploi "qui sont difficiles à faire venir vers la formation". En parallèle, l'Afpa est confrontée à "l'ubérisation du monde de la formation" qui se traduit par le recours dans beaucoup de structures à des formateurs auto-entrepreneurs. Un phénomène qui doit cependant permettre à l'Afpa de jouer pleinement ses atouts : "Au temps de la société de la connaissance où tous les savoirs sont disponibles sur internet, la plus-value de la formation se trouve dans la qualité de son encadrement", veut croire Pascale d'Artois.

Comment l'Afpa entend répondre aux attentes de France Travail

Pour faire face à ce nouveau défi, l'Afpa veut s'appuyer sur ses "Villages des solutions", un réseau de "tiers-lieux de l'insertion sociale et professionnelle" qui doit permettre, estime Pascale d'Artois, de mieux répondre aux objectifs de France Travail, à savoir "assurer la prise en charge des personnes dès le premier contact, quelle que soit la distance qui les éloigne de l'emploi". En 2019, une quinzaine de centres Afpa ont été labélisés en ce sens et treize autres seront accompagnés vers cette transition en 2023. "L'ambition de France Travail est de mieux faire coopérer les acteurs sur un même territoire et nous sommes en phase avec ce sujet-là", rappelle Pascale d'Artois qui estime par ailleurs que l'Afpa "est en bonne position pour être un des opérateurs majeurs de la mise en œuvre des 15 à 20h d'activités pour les bénéficiaires du RSA".

 

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