On aurait pu cesser d’y croire. Et pourtant, les épreuves de spécialité du baccalauréat doivent se dérouler les 20, 21 et 22 mars. Pour la première fois, elles ont lieu aux dates prévues par la réforme du lycée et du bac, pensée par l’universitaire Pierre Mathiot et annoncée par Jean-Michel Blanquer, le précédent ministre de l’éducation nationale, en février 2018. Objectif affiché : permettre aux résultats de ces épreuves, qui comptent pour 32 % de la note finale, de figurer dans Parcoursup.
C’est donc une session « normale » – si elle n’est pas trop perturbée par les appels à la grève de certains syndicats enseignants pour contester la réforme des retraites – que promet aujourd’hui l’éducation nationale, sans cacher son soulagement de pouvoir tenir le calendrier. Car le « bac Blanquer » a connu bien des péripéties : en 2021, la toute première cohorte n’a pas passé ces épreuves, supprimées à l’issue d’un premier trimestre largement désorganisé par le Covid-19. Début 2022, alors que la France sortait de la vague Omicron, les épreuves de spécialité ont été repoussées au mois de mai, leur retirant de facto leur première fonction, celle d’aider à départager les candidats dans Parcoursup.
Mais, alors que le « bac Blanquer » peut enfin se dérouler comme il avait été pensé, les contestations du dispositif sont toujours aussi vives, y compris de la part d’acteurs du système éducatif favorables au projet initial de simplifier le baccalauréat en lui redonnant son sens.
« L’objectif s’est décousu »
C’est le cas du syndicat des chefs d’établissement SNPDEN, pour qui le bac ancienne formule – une semaine d’épreuves en juin – était trop lourd à organiser. Mais, depuis, les proviseurs ont largement exprimé leur mécontentement. Dans l’enquête annuelle du syndicat diffusée en septembre 2022, 52 % des chefs d’établissement interrogés réclamaient le retour des épreuves en juin, et 22 % leur déplacement en mai. Seuls 25 % étaient d’accord avec le calendrier actuel. « Nous n’avons jamais été particulièrement favorables aux épreuves de mars, rappelle Bruno Bobkiewicz, le secrétaire général du SNPDEN. Nous défendions l’idée d’alléger le bac et d’avoir des notes dans Parcoursup. Nous n’avions pas anticipé que les épreuves seraient décalées aussi tôt dans l’année. »
Le problème est en effet d’ordre pédagogique : les épreuves surviennent tôt et mettent la première partie de l’année de terminale sous forte pression. De surcroît, Jean-Michel Blanquer ayant promis un baccalauréat « remusclé », les programmes de spécialité sont denses… mais une partie seulement est susceptible de tomber à l’épreuve trop précoce pour exiger la maîtrise de l’ensemble des connaissances. « On voit assez bien comment l’objectif s’est décousu, sous l’effet de questions de procédures diverses et contradictoires entre elles », note Alexis Torchet, du SGEN-CFDT. Selon lui, les épreuves ont été positionnées en mars parce que le supérieur menaçait de décaler toute la procédure Parcoursup et de faire commencer l’année universitaire plus tard.
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