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Le sport, une passerelle sociale à muscler

Forum de l'inclusion économiquedossier
L’Afdas organise le premier Forum de l’inclusion économique dans les secteurs du sport, du loisir et du divertissement le mardi 21 mars. Objectif : renforcer les liens entre acteurs de l’inclusion sociale et recruteurs.
par Virginie de Rocquigny
publié le 20 mars 2023 à 18h32
(mis à jour le 21 mars 2023 à 9h54)
Comment promouvoir une démarche inclusive et en assumer le développement ? Un dossier réalisé en partenariat avec l’Afdas à l’occasion de son Forum de l’inclusion économique dans le sport, le tourisme et le divertissement, le 21 mars à Paris.

Les dispositifs qui utilisent le sport comme «support d’intervention sociale et d’accompagnement vers l’emploi» se multiplient : cours de natation pour des personnes réfugiées qui peuvent mener au métier de surveillant de baignade, chantiers d’insertion pilotés par un club de volley destinés à former des éducateurs sportifs, épreuves d’athlétisme ou matchs de rugby pour faire se rencontrer candidats et employeurs sans passer par la case CV…

Le point commun de ces initiatives : considérer le sport comme outil de repérage, de remobilisation et de médiation avec le monde de l’entreprise. Le récent Panorama national sur l’insertion professionnelle par le sport réalisé par l’Observatoire des métiers du sport, l’Afdas et Pluricité (cabinet de conseil en évaluation et accompagnement des politiques publiques agréé «entreprise solidaire d’utilité sociale») fait état d’un secteur dynamique. Il recense 60 actions et quelque 20 000 bénéficiaires, pour des budgets moyens allant de 15 000 euros à 4 millions d’euros. Avec des résultats encourageants : 60 % de taux d’accès au marché du travail même si, comme le souligne cette étude, ce critère est loin d’être le seul marqueur de la réussite des actions, et les effets ne sont parfois pas quantifiables, surtout à court terme.

«Franchir le dernier kilomètre»

Malgré ce foisonnement et une forte attente de la part des pouvoirs publics à tous les échelons, ces initiatives au croisement des secteurs sportifs, sociaux et économiques restent mal connues et financièrement fragiles. Elles seront au cœur des échanges lors du premier Forum de l’inclusion économique dans les secteurs du sport, du loisir et du divertissement organisé au Conseil économique, social et environnemental, à Paris, par l’Afdas ce mardi 21 mars (1).

«Opérateur de compétences» (en charge de l’accompagnement des entreprises et particuliers dans la formation professionnelle et l’alternance) de ces trois branches, cette dernière a décidé de faire de l’inclusion économique des publics les plus éloignés de l’emploi l’une de ses priorités. «Et j’insiste sur le terme économique : ce qui nous intéresse, c’est comment ces dispositifs peuvent aider à franchir le dernier kilomètre, c’est-à-dire permettre de donner accès à un emploi pérenne», précise Thierry Teboul, directeur général de l’Afdas, qui entend, lors de ce forum, jouer l’intermédiaire entre les acteurs de l’inclusion et les employeurs potentiels de ces publics, et fédérer autour d’une cause commune. Près d’une trentaine d’intervenants partageront leurs expériences le 21 mars.

Parmi ces derniers, Simoné Etna, codirecteur de Kabubu, présentera ainsi ses différents programmes. Cette jeune association crée du lien entre des personnes exilées, notamment des femmes, grâce, entre autres, à la danse, la boxe, au volley, au foot… L’association Dahlir, elle, facilite l’accès au club sportif ou à l’association de leur choix à des personnes en situation d’isolement ou de précarité, et s’appuie sur ce levier pour proposer un accompagnement personnalisé. «Le sport comme la culture revendiquent leur mission de cohésion sociale mais paradoxalement leur action se fonde beaucoup sur les bonnes intentions. Dans le sport, on a par exemple de nombreux bénévoles qui dépassent leur fonction et font de l’inclusion mais on peut aller plus loin.»

«Faire sa part»

Avec ce forum, l’Afdas entend aussi professionnaliser les façons de faire. En veillant notamment à ne pas être déceptif. «Faire de l’inclusion, cela nécessite de changer la grammaire du recrutement mais aussi celle du management. Cela ne va pas forcément de soi d’accueillir des publics en insertion dans son entreprise, insiste Thierry Teboul. Il faut former les managers pour qu’ils s’adaptent.»

Avec 96 % de ses entreprises adhérentes qui ont moins de onze salariés, l’Afdas met l’accent sur les TPE-PME. S’il est plus facile de se lancer dans une démarche inclusive pour une grande entreprise, équipée d’un service de ressources humaines, les petites structures ne manquent pas pour autant de motivation. «Pour les TPE-PME, c’est coûteux et plus complexe mais si elles y vont, c’est qu’elles sont motivées. A nous de les accompagner.» En cherchant les moyens d’agir en faveur de l’insertion, beaucoup de sociétés sont avant tout animées par l’envie de «faire leur part». «Ce qui caractérise les branches de l’Afdas, c’est le rapport au public. Si on ne veut pas se couper de son public, on a tout intérêt à ne pas recruter toujours le même type de personnes», conclut Thierry Teboul.

(1) Mardi 21 mars de 10 heures à 18 heures, Conseil économique, social et environnemental, 9 place d’Iéna, Paris XVIe.

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