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Les rallyes, dans l’entre-soi sélect des enfants de la grande bourgeoisie

Ces clubs privés se dépoussièrent au contact des jeunes générations, même si certaines règles surannées subsistent. C’est aussi un moyen pour les parents de perpétuer un certain mode de vie.

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Publié le 24 février 2023 à 05h30, modifié le 24 février 2023 à 07h48

Temps de Lecture 5 min.

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Les moulures dorées contrastent avec le son électro du groupe Discobitch. Sur fond de « C’est beau la petite bourgeoisie qui boit du champagne », des adolescents tirés à quatre épingles, coupe à la main, dansent le rock en toute fluidité. Au plafond, des lustres en cristal complètent le décor un brin anachronique. Postée sur TikTok, cette vidéo montre une soirée de rallye parisienne. En commentaires, fascination et consternation se mélangent.

« Il y a eu une tendance sur les réseaux sociaux autour des rallyes à la fin du mois de décembre », confirme Anaïs, 16 ans, qui préfère taire son nom de famille. En première générale dans un lycée privé à Vannes, son avenir est déjà tout tracé : licence d’administration économique et sociale à l’Institut catholique de Rennes, mastère « immobilier : responsable d’affaires » à l’ESG et création de son entreprise.

Son intégration dans un rallye semblait également écrite : « Ma mère y était inscrite, même chose pour mes grands-parents. Il s’agit un peu d’une tradition. » Depuis ses 12 ans, la jeune fille issue de la noblesse fait partie de ce club fermé dans lequel on ne peut entrer sans être recommandé : « Nous avons pratiquement tous reçu la même éducation et avons les mêmes centres d’intérêt. » Sur TikTok (plus de 12 0000 abonnés), l’ex-scoute parle de sa peur des animaux empaillés, de sa foi catholique et de ses déceptions amoureuses. « Ma dignité après avoir pleuré pour un mec qui pensait que je faisais des rallyes de voitures », ironise-t-elle dans l’un de ses posts.

Sous la surveillance des parents

Méconnues du grand public, ces associations voient le jour dans les années 1950. Elles portent le nom des courses automobiles en référence au bal qui se tenait à la fin de celles-ci. Les enfants de la noblesse ou de grandes fortunes s’y retrouvent.

Ces groupes privés sont liés « au choc de la seconde guerre mondiale » et à « l’école rendue obligatoire, car les enfants de ce milieu, qui avaient jusque-là plutôt tendance à bénéficier du préceptorat à domicile, se retrouvaient mélangés aux autres classes sociales », analyse Monique Pinçon-Charlot, coautrice de l’ouvrage Les Ghettos du gotha (Seuil, 2007). La sociologue poursuit : « C’est évident que les rallyes accentuent les inégalités, cela fait une troisième instance de socialisation, en plus de la famille et de l’école. Ils viennent multiplier les chances d’une endogamie parfaite, servent à éviter les mésalliances. »

Difficile d’obtenir le nombre exact de rallyes en France, ceux-ci n’étant pas répertoriés et la plupart vivant le temps d’une génération seulement. Mais le Bottin mondain en recense « une trentaine à Paris, explique Clémence de Clavière, directrice de l’annuaire des familles de la société mondaine. Il s’agit d’un moyen pour les parents d’apprendre à leur enfant la vie en société ». A la tête de ces clubs, des mères de famille qui tiennent à rester discrètes et dont dépend l’orientation du rallye.

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