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Autour des mégabassines, deux visions s’affrontent sur le partage de l’eau

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Publié le 25 mars 2023 à 05h00, modifié le 30 mars 2023 à 11h39

Temps de Lecture 2 min. Read in English

La bassine en construction de Sainte-Solines (Deux-Sèvres), le 6 mars 2023.

A priori, le stockage de l’eau peut apparaître comme la réponse aux sécheresses. La capter dans la nature en hiver, lorsqu’elle se trouve « en excès » – comme disent les défenseurs de ce procédé –, pour l’utiliser en été apparaît en tout cas comme la principale solution envisagée par les autorités pour faire face au manque d’eau appelé à s’intensifier en été, et même dès le printemps. Cela semble si logique que de nombreux et très vastes lacs artificiels reposant sur des bâches en plastique sont en projet, en particulier dans le Sud-Ouest. Ils sont en général financés à 70 % sur des fonds publics par les agences de l’eau. La très controversée réserve de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, par exemple, fait partie des plus imposantes : elle s’étend sur plus de 10 hectares. Entourée d’un mur de 8 mètres de haut, elle présente un volume global de 720 000 mètres cubes et peut contenir officiellement 628 000 mètres cubes.

Remplies par pompage

A la différence des retenues collinaires, les retenues de substitution ou mégabassines, selon leurs détracteurs, ne collectent pas le produit des précipitations, ni d’eau détournée d’une rivière. Elles sont remplies par pompage, au moyen d’un moteur, dans les nappes phréatiques pendant des semaines. Si elles sont autant prisées dans l’ancienne région Poitou-Charentes, c’est que celle-ci est plate et qu’elle manque d’eau après avoir asséché ses zones humides pour convertir ses prairies d’élevage en parcelles de maïs.

Les tensions autour des projets de mégabassines dans le marais Poitevin

 Afficher les textes

Dans une région agricole dépendante de l’irrigation

Zone agricole composée de cultures de céréales, polyculture et élevage
Bassin de la Sèvre niortaise
Parc naturel régional du Marais poitevin
Zone de marais asséchée
Zone humide

les projets de mégabassines se multiplient

... déjà construite
... en projet
... annulée

et sont de plus en plus remis en cause avec la crise climatique

Bassine existante interdite de remplissagepar le Conseil d’Etat, en attendant de nouvelles études d’impact
Bassine en cours de construction et objet des dernières mobilisations

Depuis 2018

Neuf projets de bassines abandonnés

En 2018, la préfecture des Deux-Sèvres a annoncé l’abandon de trois projets de bassines et a imposé la diminution du volume d’eau prélevé au printemps et à l’été dans les autres. En février 2023, les six projets en Charente-Maritime ont été rejetés par la cour administrative d’appel de Bordeaux à cause de leur surdimensionnement.

3 février

Bassines illégales

Le Conseil d’Etat a refusé le remplissage de cinq bassines à treize agriculteurs de l’Association syndicale des Roches. Un refus lié à « l’insuffisance » des études d’impact concernant les effets des prélèvements.

25 mars

Manifestations interdites

La préfecture a interdit la mobilisation contre la construction de bassines à Sainte-Soline et à Mauzé-sur-le-Mignon, à la suite d’affrontements entre opposants et force de l’ordre lors des précédents rassemblements.

Sources : M. Reghezza, F. Habets, « Les méga-bassines sont-elles des solutions viables face aux sécheresses ? », Le Bon Pote, 2022 ; D.Coulais, Atlas du Marais du Poitevin, 2014 ; Le Point ; SIEMP ; Agro Portail en Deux-Sèvres ; IIBSN ; DRAAF ; « Le Conseil d'État dit non au remplissage de cinq bassines », La France Agricole, 2023 ; Bassines Non Merci ; OSM ; Le Monde

Infographie Le Monde : Nouhaïla Amari, Mathilde Costil, Xemartin Laborde et Audrey Lagadec

Cependant, sans pluie ni neige, les réserves des sous-sols ne peuvent pas se reconstituer. C’est pourquoi l’hiver 2022-2023, avec ses trente-deux jours consécutifs sans une goutte, montre bien les limites de cette approche. Cette année – et d’autres après –, il serait impossible de remplir les mégabassines que les représentants de l’agriculture conventionnelle, en particulier les irrigants, espèrent voir construire. Le préfet de la Vienne, où trente d’entre elles sont toujours officiellement prévues, l’a reconnu en janvier.

Soixante millions d’euros doivent être investis dans le programme de la Vienne, autant dans celui des Deux-Sèvres pour seize mégabassines. Les opposants s’interrogent : à quoi bon en construire autant dans ces conditions ? Par ailleurs, est-il bien raisonnable d’extraire la ressource hydrique du sous-sol pour l’exposer à la chaleur du soleil et donc à l’évaporation, aux cyanobactéries et aux contaminations diverses ? Ne faudrait-il pas plutôt investir dans une mue du modèle agricole vers des pratiques moins gourmandes en eau ?

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