Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« Acteurs du monde de la culture, nous demandons de reconnaître le caractère singulier des études artistiques »

Alors que l’éducation nationale s’apprête à fermer des lycées publics qui accueillent des élèves ayant un projet artistique, quelque 250 artistes, parmi lesquels Judith Chemla et Gauthier Capuçon, appellent, dans une tribune au Monde, à « mettre fin à cet abandon ».

Publié le 26 mars 2023 à 10h15 Temps de Lecture 2 min.

Article réservé aux abonnés

Notre pays s’apprête à fermer, à Paris, sept lycées publics. La France a-t-elle décidé de faire des économies sur le dos de la jeunesse ? Parmi les lycées condamnés, trois accueillent des élèves ayant un projet artistique : Brassaï, Brassens et Lucas de Néhou. Créé en 1993, le lycée Brassens était une innovation pédagogique permettant à de jeunes artistes d’horizons très divers, professionnels et amateurs de haut niveau, d’être scolarisés.

Il offrait à tous un enseignement public adapté : un mi-temps strict, une petite structure, des effectifs réduits et un projet éducatif cohérent avec leur travail artistique. Seul lycée à n’accueillir que des doubles cursus, le lycée Brassens est le symbole d’un engagement de l’Etat dans la vie culturelle de la France. Depuis 2016, les classes à double cursus ferment les unes après les autres. Il n’en reste plus que vingt dans tous les lycées publics de France.

Ces classes ont été fermées en excluant les élèves issus de banlieue et du périurbain. Comment justifier un discours sur la démocratisation culturelle si l’on refuse à des jeunes gens, engagés dans une pratique artistique intensive, d’accéder aux mêmes enseignements publics que leurs camarades du même âge, dans des conditions compatibles avec leur art, qu’ils viennent de Paris ou de Seine-Saint-Denis ?

Le sens perdu de la mixité

Car enfin, c’est cette mixité, qu’elle soit géographique, sociale, de pratiques artistiques qui donnait tout son sens au lycée Brassens. La France s’enorgueillit de former d’excellents danseurs, musiciens, comédiens, artistes lyriques… Ils ont pu bénéficier d’un modèle français qui a veillé à leur formation intellectuelle.

Pour se tenir devant vous, sur des planches, ces enfants ont fourni des efforts colossaux : trois à cinq heures de pratique quotidienne. Et, avant de partager leurs univers créatifs, ils ont été des élèves formés à la citoyenneté et à notre culture commune, celle dispensée par l’école de la République.

Un renoncement grave aux valeurs de la République

La France a-t-elle décidé de renoncer à son rayonnement culturel ? Elle sacrifie les budgets de formations artistiques, par exemple de l’Institut Louis-Lumière, de l’Ecole supérieure d’art et de design (ESAD) de Valenciennes, de l’école Duperré, du Centre national des arts du cirque (CNAC), des conservatoires à rayonnement régional. Les étudiants voient leurs conditions de travail se dégrader, leur projet professionnel est menacé.

Nous, artistes et acteurs du monde de la culture, qui pour certains d’entre nous avons eu la chance de fréquenter des classes à double cursus, demandons de reconnaître le caractère singulier de ces études et d’en tenir compte avant d’étioler davantage l’enseignement artistique.

Il vous reste 24.44% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.