Publicité

Les cheffes d'entreprise revoient à la hausse leurs ambitions

Les créatrices d'entreprise sont bien là, de plus en plus nombreuses ! Elles ont pris leur place, mais pas tout à fait la même que les hommes. Que leur reste-t-il à conquérir ? Revue de détails pour décomplexer celles qui osent et oseront.

Les entrepreneuses sont plus nombreuses en France mais restent encore minoritaires parmi les patronnes de PME.
Les entrepreneuses sont plus nombreuses en France mais restent encore minoritaires parmi les patronnes de PME. (iStock)
Publié le 23 mars 2023 à 07:45

« Ma vie d'entrepreneuse, je l'ai bâtie avec mon nom de jeune fille. Et il faut parfois insister ! Trop de banquiers demandent la profession du conjoint et construisent le dossier avec le nom du mari », déplore Cécile Barry, fondatrice de Noam Paris et présidente d'honneur de l'association pour la promotion de l'entrepreneuriat féminin Action'elles. Dans les affaires aussi, les préjugés ont la vie dure !

Certes, l'entrepreneuriat au féminin marque des points, mais des inégalités persistent. Ce n'est pourtant pas l'envie qui manque : 28 % des femmes déclarent avoir envie de créer leur entreprise, contre 20 % des hommes, selon un sondage* OpinionWay pour Go Entrepreneurs, l'événement qui se tiendra les 5 et 6 avril prochains à Paris. En revanche, elles sont moins nombreuses à passer à l'acte : seules 32 % ont entamé la préparation de leur projet, contre 43 % des hommes. Et leurs projets sont moins ambitieux.

Les femmes ont créé 45 % des nouvelles entreprises individuelles en 2022, selon l'Insee, soit deux points de plus qu'en 2021. Plus souvent que les hommes, elles créent des entreprises de « subsistance » faute de décrocher un emploi. Et sur le long terme, certaines s'autolimitent et restreignent leur développement. Créer une boîte, oui ; devenir patronne, pas encore ! Les femmes ne sont que 12 % à diriger une PME ou une ETI, selon les chiffres de Bpifrance.

Moindres financements

Publicité

Manque d'ambition ? Ne s'agirait-il pas plutôt d'un manque de financement ? A la question « De combien disposez-vous à titre personnel pour votre projet ? » les femmes répondent, en moyenne, 11.182 euros, contre 15.812 euros pour les hommes. Et quand elles sollicitent les banques pour un prêt, « elles demandent 10 à 20 % de moins que les hommes, assure Frédérique Montrésor, présidente d'Action'elles. C'est un frein à l'embauche, au développement ! Se faire accompagner pour son business plan permet d'éviter cet écueil. »

Un constat que partage Sophie Fénot, déléguée générale de Force Femmes, une association qui accompagne les femmes de plus de 45 ans dans leur création ou leur retour à l'emploi. « Les porteuses de projet sous-estiment leurs besoins de financement, soit parce qu'elles sont divorcées, aidantes, et donc plus prudentes, soit par manque de confiance. Même chez celles qui ont déjà leur entreprise, c'est prégnant. Le syndrome de l'imposteur n'est pas un mythe ! » Selon elle, il est donc « urgent d'introduire la parité dans les instances décisionnaires du financement » pour porter un autre regard sur les projets portés par les femmes.

Activités genrées

Le genre marque aussi les choix d'activité. Selon le Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce, la répartition femmes-hommes est quasiment équilibrée dans les « autres activités de services » (51,7 % vs 48,3 %) et dans l'enseignement-santé-action sociale (48,9 % vs 51,1 %). En revanche, la construction et le transport sont très majoritairement masculins, les hommes y représentent 89 % des nouveaux entrepreneurs.

Pour Frédérique Montrésor, qui a créé deux entreprises dans la tech, l'éducation des filles est primordiale si l'on veut faire bouger les lignes. « Nous allons dans les lycées pour montrer aux filles qu'elles peuvent avoir l'ambition d'aller dans des filières scientifiques, qu'elles sont légitimes dans des secteurs vus comme plus masculins. »

Les femmes sont également peu présentes dans la reprise d'entreprise, moins de 10 % pour ce qui est des PME. « Souvent les femmes veulent créer leur bébé, penser entièrement leur entreprise, ajoute la présidente d'Action'elles. Or, la reprise recèle de réelles opportunités ! » Et même lorsqu'il s'agit d'une entreprise familiale, la fille de la famille passera souvent au second plan derrière « l'héritier ».

Booster sa confiance

Un paternalisme que dénonce également Revital Rattenbach, fondatrice de 4P-Pharma. « On me demande encore qui tient vraiment les rênes ou si j'ai besoin de me rémunérer, puisque mon mari a un vrai travail…  » L'entrepreneuse fait pourtant partie des 19 % de femmes dirigeant une entreprise de biotech. Elle note aussi l'importance de bien s'entourer. Elle a ainsi créé un « conseil » qui, dit-elle, lui « a énormément apporté en matière de visibilité, de prise de décision ».

L'entrepreneuse Cécile Barry souligne, elle aussi, l'importance du mentorat et de l'accompagnement car « les femmes ont l'habitude de faire coexister deux à trois vies, avec une charge mentale forte, mais elles n'osent pas suffisamment se faire aider ». Là encore, les femmes se différencient. Elles déclarent plus souvent vouloir créer seules, à 48 %, contre 40 % pour les hommes.

Publicité

L'importance du réseautage et la confiance en soi sont d'ailleurs l'objet d'ateliers dans presque toutes les structures d'accompagnement. Mieux préparées et surtout plus assurées de leurs propres capacités, les femmes pourraient de fait revoir leurs ambitions à la hausse et oser dans des secteurs plus variés, oser faire le pari de la croissance, de la reprise. Et c'est sans doute là le défi de demain pour toutes celles qui osent créer.

*Sondage réalisé du 15 au 21 février 2023 auprès d'un échantillon de 1.308 personnes représentatif de la population française de dix-huit ans et plus, constitué selon la méthode des quotas, par OpinionWay pour Go Entrepreneurs.

Valérie Talmon

Nos Vidéos

994a2f3b23c42c2a6202df038cf31e536e7d3bad-858x480.jpg

Elle crée son entreprise en prenant la suite d’une association

48a9cc0f0d70c7deb0aaf4f5efc2b799a65a37e2-858x480.jpg

Tourisme augmenté : Arthis enrichit les visites de réalité virtuelle

45e9e110be5eff5e9e757985bda35f8c2d743af9-858x480.jpg

Cet artisan devenu patron de PME a troqué le chalumeau pour un fauteuil de dirigeant

Publicité