Depuis le rattachement en 2004 du Musée Eugène-Delacroix à l’établissement public du Louvre, puis en 2010 de l’Orangerie au Musée d’Orsay, l’heure est aux « convergences », comme celle, encore hypothétique, entre la Réunion des musées nationaux et le Centre des monuments nationaux. Dans la même veine, un regroupement entre le Mobilier national, présidé par Hervé Lemoine, et la Cité de la céramique – Sèvres et Limoges, dirigée depuis peu par Irène Basilis, est à l’ordre du jour.
N’allez surtout pas parler de « fusion », synonyme d’économies d’échelle et de plan social. Hervé Lemoine, qui doit remettre en avril à la ministre de la culture, Rima Abdul Malak, un rapport sur le sujet, préfère le terme de « rapprochement ». Une formule qu’avaient déjà employée, en février 2022, les députés Barbara Bessot Ballot (LRM) et Philippe Huppé (Agir ensemble) dans leur rapport sur les nouvelles mutations du secteur des métiers d’art.
La synergie paraît pertinente, tant les deux établissements ont des intérêts, des défis, voire parfois des créateurs communs. Et des budgets à peu de chose près identiques, de l’ordre de 9 millions d’euros pour le Mobilier national, 7 millions pour la Cité de la céramique. Or, jusqu’à présent, ils fonctionnaient en ordre dispersé : en mars, ils ont ainsi participé séparément à la foire Tefaf, la Mecque des antiquités à Maastricht.
Un « porte-étendard » public
Sans détailler les soixante préconisations qu’il compte lister dans son rapport, Hervé Lemoine explique vouloir créer un « porte-étendard » public du soft power français, au côté des géants du luxe réunis dans le Comité Colbert, comme LVMH, Hermès ou Chanel.
L’option d’un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) semble écartée. « L’action publique ne doit pas être soumise aux contraintes des lois du marché, estime ce proche de Brigitte Macron. On se tromperait d’objectif si on en faisait un projet uniquement économique. » Eviter, donc, coûte que coûte le spectre du monstre administratif. « Au prétexte de vouloir mieux coordonner, ajoute-t-il, il ne faut pas augmenter les schémas de validation d’un ou deux crans. »
Pas question alors de faire disparaître l’identité des deux établissements porteurs de quatre siècles d’histoire. D’autant qu’ils sont faussement jumeaux. Le Mobilier national, qui comprend les manufactures de tapisserie des Gobelins, à Paris, et de Beauvais, celle de tapis de la Savonnerie ainsi que les ateliers de dentelle d’Alençon et du Puy-en-Velay, a pour vocation de meubler les bâtiments officiels de la République française.
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