Coup de pouce aux boursiers : les syndicats étudiants saluent le geste du gouvernement

L’État a annoncé ce mercredi 29 mars une enveloppe d’un demi-milliard d’euros afin que 35 000 étudiants supplémentaires deviennent boursiers. Cette somme va aussi permettre une légère hausse des mensualités, de 37 euros, pour les 720 000 jeunes déjà aidés.

Par le jeu des échelons liés aux revenus des parents, de nombreux étudiants en difficulté se trouvent privés de bourses. Des précaires que l’on retrouve dans les files d’attente des distributions alimentaires organisées chaque semaine, comme ici par l'association Linkee. LP/Olivier Arandel
Par le jeu des échelons liés aux revenus des parents, de nombreux étudiants en difficulté se trouvent privés de bourses. Des précaires que l’on retrouve dans les files d’attente des distributions alimentaires organisées chaque semaine, comme ici par l'association Linkee. LP/Olivier Arandel

    C’est une réforme attendue depuis des lustres par les presque 3 millions d’étudiants en France, en proie à une précarisation grandissante. Ce mercredi, la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a dévoilé les premières mesures pour réformer le système de bourses. Principale annonce : une enveloppe d’un demi-milliard d’euros. Cette somme sera répartie sur plusieurs « points d’amélioration », a précisé la locataire de la rue Descartes : les bourses, mais aussi « l’accès au logement » et la « restauration ».

    Dans le détail, 35 000 étudiants issus des classes moyennes pourront devenir boursiers et rejoindre les 720 000 jeunes déjà aidés. Objectif : élargir dès la rentrée prochaine le spectre de ceux qui peuvent prétendre à une aide financière. Car, par le jeu des échelons liés aux revenus des parents, de nombreux étudiants en difficulté se trouvent privés de bourses.

    Des précaires que l’on retrouve dans les files d’attente interminables aux distributions alimentaires organisées chaque semaine dans plusieurs villes de France. Les nouveaux entrants dans le système sont « issus des classes moyennes », précise Sylvie Retailleau.

    « C’est la plus forte hausse en dix ans »

    Concrètement, un enfant de deux employés au salaire moyen (1 801 euros net chacun) sera désormais éligible. Combien toucheront-ils ? 1 450 euros en tout, versés sur dix mois. Une somme, précise le ministère, qui « s’accompagne des avantages associés : exonération des frais d’inscription, repas à 1 euro au Crous, priorité pour un logement universitaire… » Pas de généralisation, donc, du repas à 1 euro dans les facs, comme le demandaient plusieurs syndicats. Une proposition de loi en ce sens avait été présentée en février, mais retoquée par les parlementaires.



    Au-delà des nouveaux entrants dans le système, une hausse de 37 euros mensuels sera appliquée pour tous les boursiers, a aussi annoncé Sylvie Retailleau, soit une augmentation de 34 % pour le premier échelon. « C’est la plus forte hausse en dix ans », commente la ministre. Par ailleurs, 140 000 boursiers actuels vont basculer à l’échelon supérieur, « en tenant mieux compte de leur situation familiale », dit-elle, soit une hausse de 66 à 127 euros par mois.

    Reste un problème central : en cas d’augmentation faible des salaires de leurs parents, certains jeunes se retrouvaient avec des bourses considérablement réduites, voire privés d’aides. « Ces effets de seuil seront neutralisés cette année, en attendant de les supprimer définitivement », promet Sylvie Retailleau. À la rentrée, aucun étudiant ne verra sa bourse diminuer d’un montant supérieur à l’augmentation des revenus des parents, promet-elle.

    Pas de « chèque en blanc »

    Félix Sosso, porte-parole du syndicat étudiant Fage, se félicite de ces annonces. « On a là des mesures de bon sens, juge-t-il. Mais attention, il faut pérenniser cela, pour changer structurellement le modèle. Le fait qu’on soit plutôt satisfait de la première étape n’est pas un chèque en blanc pour le gouvernement… »



    Même son de cloche à l’Unef, où l’on reconnaît également que « la somme est significative », tout en continuant de militer pour la création d’une allocation autonomie de 1 200 euros. « Moins de 30 % des étudiants sont actuellement boursiers. Or, on sait que la précarité ne s’est pas arrêtée avec la fin du Covid-19 et touche bien plus de jeunes. Il faut en prendre la mesure », estime Samya Mokhtar, vice-présidente du syndicat.

    Les annonces de Sylvie Retailleau interviennent alors que la mobilisation contre la réforme des retraites grandit dans les amphis. Un simple hasard ? « Le planning était connu dès octobre, à quelques jours près », assure la ministre. De quoi calmer le mécontentement ? « Il y a une colère qui s’exprime, mais sur ce sujet (…), il y a là des signes très concrets de ce qu’ils auront en 2023, et nous allons poursuivre les concertations sur le modèle final des bourses. Le contrat est rempli. »