Poursuivre ses études après un DNMADE, quelles formations envisager ?

Ce n'est pas une mais des milliers (au moins !) de portes qui peuvent s'ouvrir après un DNMADE (diplôme national des métiers de l'art et du design). D'un côté, l'entrée sur le marché du travail et de l'autre, la poursuite d'études vers des horizons… multiples et variés. À croire qu'il y aurait autant de formations possibles après un DNMADE que de diplômés.

Difficile de dire si les étudiants en DNMADE sont plus nombreux à privilégier la poursuite d'études ou l'insertion professionnelle, tout dépend de leur profil et de leur projet professionnel. Toujours est-il que ce diplôme est reconnu au grade licence. Cela signifie que les étudiants obtiennent un bac+3, une équivalence à la licence universitaire, qui atteste d'un niveau d'enseignement supérieur et facilite les passerelles et la poursuite d'études d'une formation à l'autre. Ceux qui continuent leurs études peuvent donc accéder à des diplômes jusqu'au bac+5 voire bac+8 pour ceux, plus rares, qui se destinent à la recherche.

Pour les accompagner, pendant leurs trois années d'études, les étudiants ont des temps de réflexion sur leur projet professionnel. Ce peut-être par le biais d'échanges avec un professeur référent, de rencontres avec des diplômés, des professionnels… "On est capable de les conseiller parce qu'on les connait bien. Il n'y a pas vraiment de recette, ni de conseils généraux à donner, tout dépend des étudiants", atteste Marin Force, enseignant-coordonnateur du DNMADE Espace au lycée Charles Péguy à Orléans (45).

Pour ceux qui poursuivent leurs études, la "suite classique est celle du DSAA (diplôme supérieur des arts appliqués)", constate Marin Force. Le diplôme (bac+5) est en cours de réforme et devrait à l'avenir être reconnu au grade master. C'est la formation que Ludovic, 22 ans, a choisi. Diplômé du DNMADE Objet au lycée Joséphine Baker à Toulouse (31), il a poursuivi ses études vers un DSAA Design produit dans le même établissement. "Je ne me sentais pas de rentrer dans la vie active, j'avais besoin de m'exercer pour répondre aux besoins des entreprises", explique-t-il.

En dehors du DSAA, d'autres formations artistiques, accessibles à bac+3, peuvent intéresser les diplômés de DNMADE. "Par exemple, les masters en design à l'université, le DNSEP (diplôme national supérieur d'expression plastique), les Arts Déco…", précise Karen Russon, coordinatrice du DNMADE matériaux au lycée Joseph Savina à Tréguier (22). Et de nombreuses autres écoles spécialisées (souvent privées) dans l'animation, la mode, les jeux vidéo…

Seule difficulté pour les diplômés : parvenir à s'y retrouver parmi toutes ces formations. "Il faut chercher par nous-mêmes, fouiller… C'est beaucoup plus long que sur Parcoursup", regrette Ludovic.

Eline, 21 ans, a elle aussi choisi de continuer ses études dans le monde de l'art mais en sortant un peu de son projet professionnel initial. Après un DNMADE Matériaux parcours Création métal au lycée Vauban à Brest (29), elle a intégré la HEAR (Haute école des arts du Rhin) à Strasbourg (67) en troisième année de DNA (diplôme national d'art, bac+3). Une formation "plus artistique" que le DNMADE, selon elle.

D'autres diplômés préfèrent se diriger vers un CAP pour approfondir certaines compétences techniques ou artistiques. "Ils réfléchissent à des savoir-faire plutôt qu'à des diplômes. C'est du bon sens de penser à ses compétences plutôt qu'à un niveau aussi. Dans le domaine créatif, c'est incontournable en tout cas", assure Karen Russon.

Pour Chloé, la question des compétences s'est justement posée. Au cours de sa deuxième année de DNMADE Spectacle au lycée Les Côteaux à Cannes (06), l'étudiante de 25 ans effectue un stage comme habilleuse à l'Opéra de Marseille. Une place en apprentissage s'y libérait l'année suivante, elle n'hésite pas et décide de suivre un CAP Métiers de la mode - Vêtement flou. "Je devais devenir costumière avec le DNMADE, je suis finalement habilleuse. Le DNMADE était nécessaire pour découvrir une façon de travailler, le CAP est moins approfondi au niveau théorique mais je voulais me lancer dans la pratique."

Mais à l'inverse, après un DNMADE, certains étudiants, s'éloignent des études artistiques. Il n'est pas rare, après un DNMADE Espace notamment, de se diriger vers une école d'architecture (souvent en deuxième année), une école du paysage ou l'Institut national du patrimoine par exemple. "Les écoles ont parfois du mal à comprendre ce que nous enseignons en DNMADE et pourtant, une fois dans ces formations, nos étudiants sont très à l'aise donc c'est plutôt positif", estime Marin Force.

Pour d'autres, ce peut-être l'Ecole nationale supérieure (ENS) ou un master MEEF (métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation). L'enseignement a toujours attiré Théo, 21 ans. Son DNMADE Evénement au lycée Georges Brassens à Evry-Courcouronnes (91) en poche, il intègre un master MEEF Arts appliqués. "Mes camarades et mes enseignants m'imaginaient plus dans cette formation", raconte-il. L'étudiant y voit des opportunités professionnelles plus stables qu'après un DSAA mais admet avoir eu quelques difficultés à la rentrée. "J'étais un peu perdu parce qu'en DNMADE, on nous demandait moins d'analyser les productions du design or, c'est ce sur quoi nous serons évalués en master." La pratique artistique est elle beaucoup moins présente mais cela ne semble pas le gêner.

Selon les enseignants, c'est souvent le projet professionnel de fin d'études qui aident les diplômés à y voir plus clair. Pas d'inquiétude donc si vous ne savez pas déjà ce que vous souhaitez faire après votre DNMADE. Eline avait d'ailleurs choisi d'intégrer un DNMADE pour suivre des études courtes. "J'avais des difficultés au lycée donc je pensais m'arrêter à bac+3 mais j'ai changé d'avis en troisième année et c'est vraiment un plaisir de continuer !", assure-t-elle. Des milliers de portes, on vous dit !