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Erasmus : les Français de plus en plus fans du dispositif, tous niveaux de formation confondus

+30 % de demandes de mobilités depuis 2019, +80 % de hausse de budget en six ans, le programme historique Erasmus a le vent en poupe en Europe, mais surtout en France. Les étudiants français sont toujours plus nombreux à partir découvrir leur continent. Un engouement qui ne semble pas près de s'arrêter.

Le film « l'Auberge espagnole », de Cédric Klapisch (2002) raconte l'histoire d'un étudiant français (Romain Duris) venu faire un Erasmus en Espagne.
Le film « l'Auberge espagnole », de Cédric Klapisch (2002) raconte l'histoire d'un étudiant français (Romain Duris) venu faire un Erasmus en Espagne. ((Ce Qui Me Meut / BAC FILMS / Collection Christophel / AFP))

Par Fleur Bouron

Publié le 17 mars 2023 à 11:30

La France était déjà le premier pays d'envoi d'étudiants en Erasmus. Avec la facilitation pour les collégiens et les lycéens, elle l'est désormais sur chaque niveau de formation (enseignement secondaire, supérieur et professionnel). En 2022, 136.135 Français sont partis étudier à l'étranger grâce au programme Erasmus +, qui concerne désormais d'autres publics que les étudiants de supérieur, soit une augmentation de 30 % par rapport à 2021, mais aussi à 2019, année pré-pandémie. « Les premières demandes pour 2023 montrent que la tendance est encore à la hausse », note Nelly Fesseau, directrice de l'Agence Erasmus + France/Formation Education.

Grâce à une hausse du budget du programme à l'échelle européenne de 80 % entre les périodes 2014-2020 et 2021-2027, l'objectif est de « faire partir 10 millions de personnes avec Erasmus + [dans les six prochaines années] à l'échelle européenne », annonce l'Agence française qui a vu son budget passer de 1,2 milliard à 2,2 milliards. A titre de comparaison, entre 1987 (date de création d'Erasmus) et 2021, 12 millions de personnes en Europe ont bénéficié de ces mobilités.

Un écosystème favorable au départ

Pourquoi une telle spécificité française ? Pour Nelly Fesseau, c'est la conjugaison d'une appétence historique des établissements français et de politiques très volontaristes, qui poussent les étudiants à prendre le large. « La France, deuxième pays le plus peuplé de l'Union européenne, a une forte proportion de jeunes dans sa population, qui, pour beaucoup, font des études supérieures », souligne la directrice.

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Emmanuel Macron, dans son discours de la Sorbonne en septembre 2017, avait appelé à la création d'un réseau d'universités mettant en place des parcours communs « où chacun de leurs étudiants étudiera à l'étranger et suivra des cours dans deux langues au moins ». L'université Paris-Saclay coordonne par exemple le premier appel à projet « European Universities ». Lancée par la Commission européenne dans le cadre d'Erasmus, une université allemande, suédoise, portugaise et hongroise et Paris-Saclay ont créé une université pilote : « Alliance universitaire européenne pour la santé mondiale » (EUGLOH). Cette alliance vise la mobilité d'au moins 100.000 étudiants d'ici 2025.

Ce sont aujourd'hui 6.000 établissements français qui permettent à leurs étudiants de partir se former dans un pays européen sur la période 2021-2027. Et ces structures continuent de s'ouvrir vers l'Europe. La hausse des demandes d'accréditations des établissements du secondaire a atteint 117 % entre 2021 et 2022.

Des demandes portées par l'enseignement secondaire

Si la majorité des séjours Erasmus depuis la France se sont faits dans l'enseignement supérieur (52 %) en 2022, la hausse des demandes est aussi portée par l'enseignement scolaire. L'année dernière, 25.366 élèves sont partis pour une courte (stage d'observation) ou longue durée (suivre des cours), soit une hausse de 165 % par rapport à 2021.

A partir de septembre 2023, les notes obtenues à l'étranger seront, par exemple, désormais transcrites dans le livret scolaire français. Et un lycéen peut valoriser son expérience au Baccalauréat par un rapport écrit et une épreuve orale.

L'inflation rentre en jeu

La hausse du coût de la vie s'invite aussi à la table des changements pour Erasmus 2023. En février, l'inflation en zone euro était de 8,5 %. Résultat : un arbitrage devra être rendu sur le niveau des bourses, soit toutes les augmenter mais peu pour pallier l'inflation, soit octroyer des bourses à plus d'étudiants, explique Nelly Fesseau. « Mais l'augmentation de notre budget couvre largement l'inflation », assure la directrice qui prévoit de dépasser les 200.000 séjours de jeunes Français, financés par l'Agence en 2023. Le taux d'octroi des bourses restera très haut, l'agence accède à 78 % des demandes.

D'autres chantiers sont en cours pour favoriser les séjours européens, notamment pour les apprentis. Une évolution bienvenue en France où le nombre de contrats d'apprentissage bat des records, à 837.000.

Gageons que l'Espagne sera encore en 2023 le premier pays d'accueil des Français pour leur mobilité internationale, suivi de l'Irlande. Le Royaume-Uni, lui, ne fait que descendre dans les choix de séjours des étudiants.

Fleur Bouron

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