Les prévisions de recrutement de cadres toujours au plus haut en 2023

La guerre en Ukraine et la baisse de la consommation en raison de l’inflation n’entament pas l’emploi cadre. Plus de 300.000 recrutements sont prévus en 2023, selon l’Association pour l’emploi des cadres. Mais cette dynamique laisse apparaître d'importants contrastes selon les régions.

308.800 cadres devraient être embauchés en 2023, selon les prévisions de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), publiées ce mercredi 5 avril. C’est autant qu’en 2022, année pendant laquelle les recrutements de cols blancs (hors promotions internes) battaient déjà des records, avec 308.300 recrutements effectifs. Et 10% de plus qu’en 2019. Cette nouvelle anticipation de l’Apec tranche avec les prévisions plus pessimistes liées au fort ralentissement de la croissance en 2023, évalué à +0,6 point selon la Banque de France. 

"Dans les grandeurs macroéconomiques, l'emploi cadre est principalement drivé par la variable de l'investissement, plus que par la consommation", avance le directeur général de l'Apec, Gilles Gateau. L’emploi cadre souffre donc moins des conséquences des baisses de dépenses des ménages, touchés par l’inflation. A cela s’ajoute une attitude plus anticipatrice des entreprises : "renoncer à des embauches ou les décaler, c'est prendre le risque de ne pas les réaliser à temps demain", avance Gilles Gateau, rappelant que 79% des entreprises s’attendent à des difficultés de recrutement.

Une dynamique contrastée selon les territoires

Si, en 2022, toutes les régions ont bénéficié de cette dynamique, "en 2023 la situation est plus contrastée", relève Laëtitia Niaudeau, directrice générale adjointe de l’Apec. Par rapport à 2022, les prévisions d’embauche continuent de progresser en Ile-de-France (+3%), Auvergne-Rhône-Alpes (+2%), Provence-Alpes-Côte d’Azur (+2%), Occitanie (+1%) et Pays de la Loire (+2%). Elles repassent en revanche en dessous des niveaux d’avant-crise de 2019 dans les Hauts-de-France (-2%), en Nouvelle-Aquitaine (-1%), en Bourgogne-Franche-Comté (-3%) ou en Grand-Est (-3%).

"Ces disparités sont en grande partie liées au poids de certains secteurs d’activités dans ces régions", ajoute Laëtitia Niaudeau. Les services à forte valeur ajoutée (informatique, ingénierie-R&D, activités juridiques comptables et conseil, banques et assurances) tirent ainsi leur épingle du jeu. Cette dynamique tire la croissance de l’emploi cadre en Ile-de-France comme en Auvergne-Rhône-Alpes, région caractérisée aussi par la bonne santé d’’industries de pointe (fabrication de composants électriques, électroniques, optiques). L’Occitanie bénéficie quant à elle du rétablissement de l’industrie aéronautique et donc d’un volume record d’embauches de cadres. En Pays de la Loire, ce sont notamment les activités informatiques qui contribuent à la dynamique régionale.

Transport logistique, construction, services aux entreprises en recul

A l’inverse, la baisse des embauches en Hauts-de-France s’explique par un moindre dynamisme de l’automobile, de l’agroalimentaire ou encore de la chimie. Quant à la Nouvelle-Aquitaine, elle pâtit des difficultés du secteur de la construction, touché par une chute des mises en chantier et la baisse des investissements immobiliers des ménages. La région Grand Est subit quant à elle la perte de vitesse des secteurs du caoutchouc-plastique et de l’immobilier.

Contrairement aux services à forte valeur ajoutée et à certaines industries en situation favorable, les prévisions d’emplois cadres liés aux secteurs de l’intérim, de la sécurité, du nettoyage ou encore du transport et de la logistique sont en recul. Deux secteurs qui "pâtiraient d’une baisse d’activité chez certains donneurs d’ordre industriels", précise l’Apec.

 

L’Apec s’installe dans les villes moyennes

"En accord avec notre gouvernance, nous allons renforcer notre proximité territoriale", a souligné le directeur général de l’Apec Gilles Gateau. L’association gérée de manière paritaire dispose actuellement de 53 centres en France, dans lesquels elle reçoit des jeunes diplômés et des cadres en recherche d’un emploi. Une dizaine de sites ont été retenus, parmi lesquels Lorient (Morbihan), Montbéliard (Doubs), Angoulême (Charente), ou encore Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Une décision fondée sur le constat que les cadres et ingénieurs sont moins prompts à franchir de longues distances pour bénéficier des conseils de l’Apec. 

 

 

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