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Le Théâtre national populaire de Villeurbanne, reflet d’une culture publique en crise : « On est au bout d’un modèle »

Comme plusieurs lieux culturels d’Auvergne-Rhône-Alpes, le théâtre tente d’adapter sa programmation pour faire face à l’augmentation des coûts et à la réduction des subventions régionales.

Par  (Villeurbanne (Rhône), envoyée spéciale)

Publié le 10 avril 2023 à 06h00

Temps de Lecture 6 min.

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La grande roue lumineuse installée dans le hall d’entrée du Théâtre national populaire (TNP) donne un air de fête à ce temple de la décentralisation théâtrale. Ce décor enchanteur, vestige de Liliom, l’un des spectacles créés par Jean Bellorini, directeur de ce lieu culturel central de Villeurbanne (Rhône), apparaît, sans le vouloir, comme un clin d’œil à la pétition titrée « N’éteignez pas les lumières sur le spectacle vivant ».

Lancé début mars à l’initiative du Syndicat des entreprises artistiques et culturelles, ce texte, qui a recueilli près de 12 000 signatures, interpelle le gouvernement sur un secteur au bord de la rupture financière. « Au moment où les tensions inflationnistes et énergétiques ne tarissent pas, où le soutien des collectivités territoriales s’effrite, nous sonnons l’alarme », s’écrie le principal syndicat des scènes publiques. Coûts qui explosent, subventions qui stagnent, le spectacle vivant subventionné se sent attaqué dans sa capacité à répondre à ses multiples missions de service public.

Même un paquebot bien doté comme le TNP − 18 000 mètres carrés, quelque 90 permanents, trois salles de spectacle, dont une de 660 places, quatre salles de répétitions − est ébranlé. « Je pensais diriger l’un des théâtres les mieux protégés, de par son histoire, son statut, et je me retrouve à joindre avec difficulté les deux bouts et à avoir comme seule solution de réduire l’activité. C’est fou », témoigne Jean Bellorini, à la tête de ce Centre dramatique national (CDN) depuis janvier 2020. Aux surcoûts engendrés par la facture énergétique (en hausse de 100 000 euros) et par la pression salariale (due à l’augmentation du point d’indice) viennent s’ajouter les choix politiques opérés depuis un an par le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes.

Tout est à la baisse

Au nom d’un « rééquilibrage territorial », la région, présidée par Laurent Wauquiez (Les Républicains – LR), a réduit, sans concertation, les subventions de plusieurs institutions culturelles, dont le TNP. Au printemps 2022, l’équipe du théâtre apprenait dans la presse que la région se désengageait à hauteur de 150 000 euros, faisant passer sa dotation annuelle de 500 000 à 350 000 euros. Un an plus tard plane le risque potentiel d’un retrait total. La programmation de la saison 2023-2024 est en cours de bouclage sans connaître le futur montant de subvention du conseil régional, la commission régionale culturelle, initialement prévue en mars, ayant été annulée.

« Actuellement, on vit au-dessus de nos moyens, résume Pauline Huillery, administratrice du TNP. Sur l’exercice 2023, on atteint 450 000 euros de déficit. » Jean Bellorini assume de « prendre ce risque », parce qu’il a encore trois ans de mandat pour réajuster les comptes si la situation empire, et qu’il veut, pour l’heure, maintenir un théâtre « ouvert et vivant » sans augmenter le prix moyen du billet (13,50 euros). « Je lutte contre la tendance à alléger les formes artistiques. Le TNP continue à revendiquer, en matière de maison de production, des formes fortes, qui habitent complètement la cage de scène. Sinon, on va montrer, dans quelques années, que nos maisons sont inutiles. »

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