La crise de la construction menace l'emploi prévient le secteur du bâtiment
Alors que les perspectives d'activité s'assombrissent, la Fédération française du bâtiment redoute la suppression de près de 100.000 postes à horizon 2024-2025. Soit peu ou prou le nombre d'emplois créés dans le secteur depuis la sortie du premier confinement.
Après les alertes , le signal d'alarme… Alors qu'elle interpellait depuis des mois les pouvoirs publics sur le risque que fait peser la panne de la construction de logements sur son secteur, la Fédération française du bâtiment a changé de registre mercredi. Elle évoque maintenant la possible suppression de « près de 100.000 postes » à horizon 2024-2025. En clair, le bâtiment perdrait peu ou prou le nombre d'emplois créés, à ce stade, depuis la sortie du premier confinement de 2020.
À l'occasion du dernier point de conjoncture de la FFB, son président, Olivier Salleron, a mis en avant un tel scénario au vu des perspectives d'activité des professionnels. Au global, a-t-il indiqué, la production du bâtiment reculerait de 4 % en volume entre 2022 et 2025.
Chute
Dans sa dernière note économique, la fédération constate que « la crise continue de se préparer dans le logement neuf ». Le nombre de mises en chantier a fléchi de 1,1 % au premier trimestre par rapport au total constaté un an auparavant, le recul étant de 6,4 % sur douze mois. Pour les permis de construire, soit l'indicateur de l'activité à venir, la tendance est plus que jamais inquiétante avec une chute de 26,7 % pour les trois premiers mois de l'année, le fléchissement étant de 5,1 % sur un an.
Le retournement de la demande est brutal pour le logement individuel, tandis que le collectif paraît résister avec la transformation de son « stock » de permis de construire mais qui tend, lui aussi, à s'effondrer (-26,7 % au premier trimestre).
En conséquence, la FFB, qui souligne au passage les difficultés actuelles des promoteurs immobiliers et s'inquiète d'éventuelles annulations de permis de construire, exhorte le gouvernement à relancer la construction de logements neufs. Elle plaide pour un renforcement des conditions d'accès des particuliers à travers le prêt à taux zéro (PTZ) et un dispositif de type Pinel. Elle milite aussi pour un « assouplissement » de la démarche zéro artificialisation nette.
Transition écologique
La fédération réclame toujours un soutien à la rénovation sachant que ce marché, qui a soutenu l'activité depuis deux ans, fait l'objet d'un « petit tassement » avec une progression en volume de 1,8 % au quatrième trimestre, la hausse annuelle étant de 2,1 %. Ce ralentissement vaut aussi pour les travaux de rénovation énergétique (+1,4 % au quatrième trimestre 2022), lesquels ont jusqu'à présent fortement alimenté la demande. La FFB appelle à « une véritable accélération de la transition écologique » et suggère d'augmenter d'un milliard d'euros par an le budget consacré à MaPrimeRénov'.
Mercredi, le directeur général de Saint-Gobain a également demandé un changement de braquet en matière de rénovation. S'exprimant dans le cadre de la présentation d'un « Observatoire de la construction durable » mis en place par le géant mondial des matériaux de construction, Benoit Bazin a suggéré de « cibler MaPrimeRénov » sur les logements les plus énergivores (F et G). Ce dernier a aussi pointé, encore, l'absence de mobilisation du milieu bancaire, exception faite de la Caisse des Dépôts pour le logement social. « Il n'est pas normal que les prêteurs n'aient pas de sensibilité au bâti », a notamment déclaré Benoit Bazin. Le directeur général de Saint-Gobain propose de simplifier le dispositif RGE (Reconnu Garant de l'Environnement), une demande forte des artisans qui le juge trop complexe .
Christophe Palierse